jeudi 14 avril 2016

3 mars au 3 avril 2016 - Comme beurre au soleil...

Nous quittons Thomas et Nim avec un petit pincement au coeur, comme à chaque fois que nous prenons congé d'hôtes bienveillants rencontrés en chemin. On suit le GPS qui nous sort de la périphérie de Chiang Mai par des petits chemins de campagne, cap au sud. C'est très joli, nous traversons des vergers de palmiers, manguiers et longaniers, dont les lourdes branches sont soutenues par des bambous. Comme bien souvent, on se pose beaucoup de questions sur l'itinéraire à suivre. Pour finir, nous choisissons de profiter des 60 jours qu'offre notre visa thaï afin de descendre tout au sud du pays et profiter de quelques jours de détente sur une île.

Bébés mangues
Nous choisissons une route secondaire sans trop de trafic qui traverse une région plutôt montagneuse. Rapidement confrontés à la réalité de notre choix, qui sur la carte paraît plutôt sympa, nous peinons sur de longues montées, avons très chaud dès 11 heures, et notre semaine sans vélo se fait bien ressentir.

Un soir, alors que le seul hôtel de la région affiche portes closes, on avise un panneau "officiel" au bord de la route. Sans savoir ce qu'il signale, nous flairons l'opportunité de pouvoir poser notre tente et prendre une douche. Le site est très joli, installé sur une colline arborisée et joliment fleurie en pleine campagne, les toilettes et la douche sont très bien tenues. Nous sommes reçus par Lamp, le responsable, qui nous explique que nous sommes dans un centre d'aide au développement des villages de montagne Karen de la province. Lamp nous offre la possibilité de mettre nos matelas dans la salle de conférence du site, pourvue de ventilateurs (yes!). En guise de bienvenue, il nous fait goûter au whisky local, distillé à partir de canne à sucre. Il roule son tabac dans des feuilles séchées de bananier.

Le centre
Le lendemain, il nous emmène dans un village Karen, à la découverte de son travail. Il nous décrit la vie quotidienne de cette minorité ethnique qui peuple les montagnes de la région. Ces gens, d'une grande pauvreté, vivent dans des maisons de bois et de bambou, travaillent au métier à tisser pour vendre leur production sur les marchés locaux. Pendant la saison sèche, on prépare la future saison des pluies. Les gens creusent des réservoirs dans le sol, consolident les bords de la rivière et des ruisseaux à l'aide de bambous entrelacés pour éviter une trop rapide érosion qui noyerait les récoltes. Lamp nous explique que ces populations retirées ne reçoivent que partiellement l'aide financière que l'état leur alloue, une grande partie de l'argent finissant dans les poches de membres du gouvernement.

Visite du village Karen avec Lamp et ses bottes en caoutchouc

Les hommes fument du tabac roulé dans des feuilles de bananier,
agrémenté de morceaux d'écorce de tamarin
On est un peu surpris de voir Lamp donner des poignées de bonbons aux enfants du village, ça ne colle pas trop avec l'idée qu'on se fait de l'aide au développement. Mais bon, on est en Thaïlande, il y a parfois des choses qu'on ne comprend pas. Les enfants Karen sont scolarisés. Pendant la scolarisation, il doivent beaucoup étudier et rechignent plus tard à revenir travailler aux champs, à mener une vie âpre et laborieuse. Rattrapés par la société de consommation, ils préfèrent aller vivre en ville, les villages se vident alors peu à peu.

Tisserande à la création d'un vêtement traditionnel

Cabane-réduit pour la récolte et le repos journalier
Le soir, de retour au centre, nous avons de longues discussions avec Lamp. Il s'ouvre à nous d'une façon touchante. Il n'est pas très satisfait de sa vie, d'ailleurs il pompe pas mal sur le whisky local. Désabusé par la situation de son pays, il raconte la corruption, les moines qui profitent du système pour accroître leur richesse personnelle, les temples rutilants construits à grands frais, évoque le gouvernement militaire au pouvoir. On le presse de questions à ce sujet, avides d'en savoir plus, mais Lamp refuse de nous en parler ouvertement, de même que du Roi Bhumibol. Nous réalisons à quel point règne la loi du silence à ce sujet. Le Roi, qui soutient de manière plus ou moins tacite le gouvernement militaire, est considéré quasiment comme un dieu vivant en Thaïlande, et le critiquer est passible de lourdes peines de prison.

Lamp, très concerné par notre présence, insiste pour nous avancer sur notre parcours et nous conduire au centre d'aide au développement de la province voisine, à Li, où travaille son ami. Nous embarquons le lendemain dans son pick-up pour la soixantaine de kilomètres qui nous séparent de Li. Il reste avec nous à pour attendre son pote, qui fait une brève apparition pour nous dire où dormir avant de repartir (?). Lamp nous quitte en début de soirée, après avoir de nouveau passablement picolé...

Pour rejoindre Thoen depuis Li, nous passons assez facilement un joli petit col, suivi d'une bonne descente sur de longs kilomètres dans une belle forêt.


A Thoen nous trouvons à nous loger chez Withaya, qui donne des cours extra-scolaires à quelques enfants privilégiés. Withaya nous emmène faire une visite du temple voisin au pas de charge, avant le cours d'anglais qu'il donne à 16h. Il profite de notre présence pour qu'on interagisse avec les élèves. Jonas présente notre expédition aux enfants et répond à leurs questions. Nous prenons le repas du soir en sa compagnie et nous en profitons pour le lancer sur la situation politique thaïlandaise. Withaya ne rechigne pas à nous en parler ouvertement. On apprend que le Roi Bhumibol est âgé de 88 ans. En chaise roulante, grabataire malade et affaibli, il ne sort plus de son silence.

Nâga du temple local

Les jaquiers, ça ressemble à des grosses c... , c'est étrange!

Withaya et ses élèves. Jonas fait le prof d'anglais et de géo
Withaya nous explique le conflit entre les "Chemises jaunes", conservateurs ultraroyalistes, représentant les classes aisées de Bangkok et du Sud thaïlandais, et les "Chemises rouges", masses rurales et urbaines défavorisées du Nord et du Nord-Est qui demandent le retour au pouvoir de l'ex premier-ministre en exil, Thaksin Shinawatra. Chaque Thaïlandais sait quelle faction soutient son voisin, la haine est profonde entre les deux camps, mais on n'en parle surtout pas et on garde le sourire de façade... A la fin de la soirée, nous sommes très reconnaissants envers Withaya qui nous a offert la possiblité d'en apprendre plus sur son pays.

Au lendemain, au petit jour, nous nous cramponnons sur nos pédales pour passer un sale petit col. Nous remarquons que nous commençons à avoir très très chaud toujours plus tôt, ruisselant de sueur au moindre effort. Sur la carte on repère un grand lac de barrage, on pourra peut-être s'y baigner?, s'imagine le naïf Jonas. Grosse désillusion, le lac stagne depuis des mois, pas de pluie pour l'alimenter. Le niveau est au plus bas et l'eau a plus ou moins la température ambiante, un beau bouillon de culture! Bof, de dépit on tend la toile du tarp entre nos deux vélos et on attend que la chaleur étouffante s'atténue. En début de soirée on finit par s'échouer dans un hôtel à l'air conditionné, on se rue sous l'eau froide de la douche. Plus on avance dans le mois de mars, plus le climat devient intenable. Nous roulons manches longues, chapeau et foulard afin de protéger notre peau qui brûle sous le soleil ennemi. On boit 3 à 4 litres d'eau par jour.

Culture sur brûlis

La fumée nous prend aux poumons

Verger de papayes, qu'on ramasse avec une foufourche (ho-ho)

Notre itinéraire passe par le Parc historique de Sri Satchanalai que nous visitons. Moins spectaculaire que celui de Sukhothai, il est aussi moins touristique. Anesthésiés par la chaleur, on se traîne dans les ruines éparses, on sieste au pied d'un temple. On reprend les vélos en fin d'après-midi pour avancer un peu en direction de Sukhothai, et le soir venu on demande le gîte dans un temple. On nous offre deux petites chambres, d'ordinaire dévolues aux participants de méditation Vipassana. Plus tard, le moine qui nous a accueillis nous apporte encore le repas ainsi qu'un litre de jus d'orange et de l'eau fraîche. Waw! Les moines se lèvent avant l'aube, cela nous permet de nous mettre en selle à 5h30. La température est aujourd'hui supportable, en suivant la rivière jusqu'à Sukhothai, l'ancienne capitale du Royaume de Siam (encore des temples plus ou moins en ruine). Nous aimons découvrir les sites de ces temples antiques. Les vieilles pierres, les vieux bouddhas, l'architecture et la forêt qui reprend ses droits. On se réjouit déjà de visiter la grande cité khmer d'Angkor, lors de notre voyage au Cambodge, le mois prochain.

Sukhothai

Wat Sa Si. Appréciez l'allure efféminée de ce Bouddha

Façonnage des crêpes locales

Un joli Martin triste (Acridotheres tristis)
Scultpure sur les linteaux des temples

Le Wai, geste de salut, de remerciement et de respect
communément employé en Thaïlande

Le figuier des pagodes (ficus religiosa), l'arbre sous lequel Bouddha a atteint l'éveil 
(alors que nous on a plutôt envie de pioncer dessous)

Arbre coloré Si Satchanalai

Wat Chang Lom, Si Satchanalai

Wat Chang Lom, Si Satchanalai

Notre itinéraire pour rejoindre Phitsanulok compte quelques 80km. On n'a pas envie de cuire encore sous le soleil, alors on part de Sukhothai à 6h. Optimistes, on fait un rapide calcul: en roulant à 20km/h tout du long, on devrait être arrivés avant midi. Haha, rien du tout! Après 2 heures de route on enchaîne les pauses réhydratation, on se douche dans les toilettes extérieures d'une école pour faire baisser la température. En traversant un campus universitaire aux abords de Phitsanulok, Emma distingue un bâtiment aux allures de piscine municipale. Sans réfléchir, on se précipite, on paie nos 50 Bahts pour l'accès aux bassins et hop à l'eau! Quel bien ça fait!

A Phitsanulok, nous avons rendez-vous chez Mark, notre hôte Warmshowers. Il  tient une école d'anglais pour les enfants du quartier, avec sa femme thaïlandaise. Notre arrivée se calque avec l'ouverture d'une leçon d'expression orale. Nous sommes présentés à la classe et nous décrivons notre voyage. Puis, à tour de rôle, nous répondons à une liste de questions notées sur une liste que les élèves ne manquent pas de suivre bien à la lettre.

N'ayant pas vraiment de pièce pour nous poser tranquillement, nous ne nous sentons pas vraiment à notre aise. Nous dormons tout de même 2 nuits au milieu de la salle de classe, sous la moustiquaire, car notre train pour le sud ne part que le surlendemain. Jonas reste à l'intérieur, sous le ventilo toute la journée, pendant qu'Emma s'en va profiter de l'air conditionné du musée local. Patience, dans 2 jours, nous serons sous les cocotiers à savourer des jus de fruits frais les pieds dans l'eau!

Il nous aura fallu une journée et demi pour atteindre l'île de Koh Muk (merci Lise et Damien). Partis de Phitsansulok à 6h, nous arrivons sur l'île à 19h le lendemain. Les trains thaïs sont d'un folklore unique en son genre! Nous aimons voyager en train, surtout dans les "ordinary train" qui sont gratuit pour les thaïlandais, donc bondés. Les gens sont d'une gentillesse et d'une amabilité avec nous autres touristes. Nos voisins de baquette nous régalent de friandises locales vendues dans le train. On goûte, on sent, on aime, on se dégoûte, on ne refuse pas, ça serait une offense.

Train de nuit entre Bangkok et Katang. La couchette est bien confortable!
Par contre la lumière reste allumée toute la nuit et le ventilo fait un bruit de vieille casserole

À notre arrivée sur l'île, en début de soirée, on se demande vraiment ou camper cette nuit. Nous traversons l'île pour déposer la tente quelque part. Un petit resort familial nous laisse camper sur son terrain pour 100 Bahts. Au matin suivant, une des sandales de Jonas a disparu. Les chiens, en surnombre, ou plus rarement des singes, viennent voler les chaussures qui traînent devant les habitations. Nous partons à la recherche de la sandale, parmi les décombres des plages et des maisons voisines. Nous prenons conscience de l'ampleur du problème des déchets sur les îles. Il y en a partout et en quantité démesurée! Chercher une sandale là-dedans, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Pas de chance, après une matinée de fouille, la sandale manque toujours. Jonas aura perdu ses schlaps en Mongolie et ses sandales en Thaïlande. Il va bientôt finir pieds nus!
Les habitants de l'île, appelés "nomades de la mer", sont d'origine malaisienne et de confession musulmane. Il y a une petite mosquée sur Koh Muk, on entend parfois le chant du muezzin.

Ananas en folie

Speed boat, cap sur l'île

De beaux couchers de soleil sur Charlie Beach

Un belle trace à deux jusqu'au bout du monde








Notre tente 4 saisons, dont on ne peut séparer la moustiquaire de la toile extérieure, est trop isolée pour de telles températures, il fait encore 30 degrés en début de nuit. Comme dans un sauna, on sue à grosses gouttes, trempant les draps et les matelas. Vivement le Kazakhstan! On n'a plus envie de camper, on dort tellement mal sous la tente qu'on passe la journée suivante à être glauque. Nous prenons une demi-journée à chercher l'hébergement le moins cher possible. Pour 10$, on trouve un resort qui offre de grandes tentes, avec matelas double, moustiquaire, sous toiture de bambou et de feuille de palme, mais surtout avec ventilateur et électricité! On y restera 4 nuits.

Drôle d'installation

On loue un kayak et des masques-tuba pour faire une belle excursion en mer, sans oublier les gilets de sauvetage (ha ben si, tiens). Nous visitons la Sawadee Beach, une belle plage déserte, tôt le matin, avant l'arrivée des bateaux touristiques. Puis naviguons plus loin pour snorkeler sous les rochers aux façades escarpées de Morakot Cave. La vie sous-marine est assez pauvre, mais on y découvre tout de même de jolis petits poissons colorés, nous nageons parfois dans un nuage métallisé de sardines et remarquons de belles anémones et coraux colorés. La nage dans ces eaux claires et turquoises est ponctuée de sensations désagréables, comme des micro-brûlures sur la peau. Berk, une terrible méduse venimeuse?! Rien de tout cela, nous apprenons par la suite que les anémones de mer lâchent des filaments urticants qui sont la cause de ce désagrément.

Koh Muk, Sawasdee Beach

Le soleil baissant à l'horizon, on reprend la mer pour retourner à bon port. La mer est agitée et le vent vient du large. On peine à pagayer et à avancer. Nous avons 5 km à faire et nous souhaitons encore visiter la grotte d'Emeraude, le seul site vraiment spectaculaire de cette île. À cette heure du coucher de soleil, le lieu devrait être désert. On arrive devant la grotte, on se demande si  la mer monte encore ou si elle se retire, car la grotte n'est praticable qu'à marée basse. On avance prudemment jusqu'à l'entrée, il y a une forte houle faisant claquer le ressac sur les hautes falaises. Hop, on s'engouffre dans le trou noir, un peu flippés. Lampe frontale allumée, nous nous dirigeons, curieux et un brin aventuriers dans le ventre de la terre, avant de découvrir un halo de lumière naturelle après 80 m de tunnel. Ça y est, nous y sommes, nous découvrons un petit joyau à l'eau turquoise. Un panneau nous apprend que les pirates venaient y cacher leur trésor. Jonas stresse, et si la marée continuait de monter? On serait coincé ici pendant des heures, alors que le soleil est déjà bien bas. Emma remarque que le niveau de l'eau recule sur la plage. Ouf, soulagement!

Emerald Cave - Koh Muk

Le retour sur Charlie Beach est plus calme, le vent nous souffle légèrement dans le dos. Longue journée et gros coups de soleil. Nous sommes brûlés sur les cuisses et dans le dos, ce qui aura pour effet de provoquer de grosses plaques de cloques qui se remplissent de transpiration quand on pédale, quelques jours plus tard. Autour du 20 mars, la parenthèse "Vacances dans le voyage" nous ayant coûté assez cher, on reprend nos montures pour remonter la côte d'Andaman.

Récolte du caoutchouc
Eléphant à la douche matinale - Koh Muk
Retour sur la côte en bac
Bateaux de pêche le long de la côte

En suivant la belle plage de Pak Meng, une équipe de gais lurons buvant l'apéro nous hêle au passage et nous invite à boire un coup avec eux. Nous passons l'après-midi en leur joyeuse compagnie, à boire, manger et se baigner.

Hein, il porte bien la chemise de Jonas?

Pak Meng Beach - Andaman Sea. On se croirait presque à la plage Sous les Pins!

Rajamandala Beach - Andaman Sea, Le ciel est chargé de la fumée des incendies de forêt qui sévissent dans la région.

En discutant de notre itinéraire du jour, on se fait inviter à mettre nos vélos sur le pont du 4x4 et de remonter 40 km avec eux. Aurai, mère célibataire de 5 enfants, la jeune quarantaine, nous invite à passer la nuit chez elle. Surpris, nous voilà débarqués dans un camp de logements de travailleurs employés à la scierie industrielle, juste à côté. 4/5ème des travailleurs sont originaires de Birmanie. Les hommes portent le longyi, femmes et enfants ont le visage enduit de tanaka, poudre blanchâtre qui les protège du soleil et les embellit. Nous passons la fin d'après-midi à regarder de jeunes hommes birmans jouer au foot-tennis et à déambuler entre les baraquements sommaires du camp, où règne une vie très animée. Aurai et sa meilleure copine nous dorlotent, elles nous préparent le souper et un petit-déjeuner copieux pour notre départ.

Logements de travailleurs. Précarité et solidarité
Enfants birmans
Aurai à son poste de travail

Omni-présents, le Roi Bhumibol et sa Reine Sikirit.
Bhumibol a étudié à Lausanne dans sa jeunesse, comme aiment à nous le dire les Thaïlandais,
lorsqu'on leur dit qu'on vient de Suisse (d'ailleurs il a offert un petit pavillon à la ville, qui se trouve à Ouchy, ndlr)

Au lendemain, nous reprenons la route pour rejoindre la gare ferroviaire de Thung Song. Nous embarquons dans un wagon voyageur bondé. Le train est parti de l'extrême sud du Pays pour rejoindre Bangkok. Nous on s'arrêtera plus en amont, tout au bord du Golfe de Siam. Notre voisine de banquette, qui ne parle pas un mot d'anglais, nous offre des boissons, du riz au poulet grillé, des bonbons. Il fait très chaud, les vieux ventilateurs accrochés au plafond brassent un air déjà saturé. Malgré que toutes fenêtres et portes soient grandes ouvertes, le train et ses occupants cuisent à petit bouillon. Nous sommes toujours épatés de voir la résistance des locaux par rapport à la chaleur. Ils portent des longues manches et se voilent le visage, ne transpirant que peu. Cela nous intrigue...

Après un voyage de 4 heures nous descendons à Lamae, pour rejoindre la côte ouest du Golfe de Siam. Nous suivons la plage et demandons à un restaurateur si on peut poser la tente sur sa terrasse. Il nous offre l'utilisation de la douche et des sanitaires. On commande une bière et on savoure l'instant présent, observant les étoiles dans le ciel au chant des vagues...

Cette gentille mamie gratte inlassablement le sable à la recherche
de petits coquillages (pour la soupe)

Camping sur la "terrasse" du resto

Les journées suivantes sont ponctuées de sympathiques rencontres. Kathrin et Christian, des Thurgoviens à vélo qui descendent à Singapour en passant par les îles de la Mer d'Andaman, Kris et Amélie, un couple de cyclistes français qui terminent leur voyage par une semaine de plongée sur Koh Tao après 14'000 km, ainsi que les singes qui dévissent les noix de coco du sommet des arbres, et d'autres en liberté qui font peur à Emma! Nous campons une dernière fois sur la plage. Lessivés par les températures nocturnes, on se réfugie dans des chambres au confort tout aléatoire. Un bungalow avec vue sur la mer, une piaule qui sent le moisi au bord de la Highway N.4, une chambre avec air conditionné, on trouve de tous les styles pour les petits budgets. Nous parcourons des kilomètres le long de cultures de palmes, de cocotiers, d'ananas et autres bassins à crevettes transgéniques. On se lève plusieurs matins de suite à la même heure que les mordus de randonnée à ski, 2 heures avant le lever du soleil. On profite de nos après-midis à siester et nous baigner dans les eaux calmes du Golfe.

Un joyeux foutoir

Attaché à une longue corde, ce singe dévisse les noix de coco pour son patron

Ça donne soif tout ce boulot!

Entre les palmiers et les cocotiers

Essayez un peu de faire ça en Suisse pour voir!

Cueillette des ananas
Singe chapardeur (et agressif avec ça)

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Poissons séchent au soleil imprégnant l'air d'une forte odeur désagréable.
Le patron du Blue Beach Resort nous laisse camper 2 nuits au bord de la piscine, for free!
...enfin presque, Jonas a oublié sa lampe frontale sur la poutre de l'abri.
Depuis Hua Hin, suivant les conseils d'autres cyclos, nous reprenons le train pour Bangkok afin d'éviter le trafic et l'urbanisation saturée de la côte. La traversée de Hua Hin nous conforte dans notre décision. Après une journée de pédalage de 70 km, on se résoud à prendre le train de nuit, places assises, partant à une heure du mat'. On patiente des heures à la gare, buffet à volonté pour les moustiques. Pour 10 ou 15 Bahts, nous pouvons profiter d'une douche rafraîchissante avant de rentrer dans le train, service proposé dans de nombreuses gares thaïlandaises.

Il est presque 1 heure du mat', nous voilà dans le train. 3 minutes d'arrêt, il aura fallu courir comme des dératés pour charger les 12 sacoches dans la dernière voiture, avec l'aide du chef de gare, alors que les vélos doivent aller dans le wagon cargo, à l'extrême opposé évidemment.

En arrivant dans le train, un monde fou s'étale dans tous les sens sur les sièges, plein d'enfants dorment, couchés sur leur veste à même le sol entre les banquettes assises. Comme à chaque fois, des vendeuses en tout genre montent et descendent du train pour régaler les voyageurs de sucreries et de boissons fraîches, de mangues découpées accompagnées de leur petit sachet de sucre au piment. Les banquettes sur lesquelles nous sommes assis sont d'un confort tout à fait relatif. Le bruit de la rame fuyant à vive allure, fenêtres ouvertes, les rails pas droits secouant irrégulièrement, les ventilos du plafond qui manquent de perdre leur hélice et l'odeur des différentes nourritures mélangées au gazoil et à un mix de transpiration nous incommode quelque peu. Ce train roule depuis 8h du matin, nous le prenons sur son dernier tronçon de 4h. L'arrivée à Bangkok est prévue à 5h30.

Arrivée avant le lever du jour, la mine défaite, tout semble aller comme après une nuit blanche. Jonas photographie le train repartant en sens inverse pour le nettoyage des wagons, sans se douter qu'une de ses chaussures Scarpa adorées est restée dedans (il y a décidément quelque chose de louche autour de ses chaussures...)! Grosse frayeur, le réveil à Bangkok est brutal. Jonas saute sur son vélo à la poursuite du train. Par chance, en Asie, on peut marcher sur les voies, traverser comme on veut sans se faire houspiller pour mauvaise conduite. C'est à l'assaut d'un, puis deux, puis trois wagons qu'il se lance, à la recherche de la maudite godasse. Il reprend son vélo laissé entre 2 voies de cette gare immense, s'arrête et observe le va-et-vient des trains. Quelle poisse, comment la retrouver? Il lui faut un signe! En rebroussant chemin le long d'un train, il repère un wagon avec une petite fenêtre fermée par son volet, qu'il avait remarquée en sortant les bagages sur le quai tout à l'heure. Dans un dernier élan d'espoir, il saute dans le train toutes lumières éteintes, et balaie le sol du halo de la frontale. Waw, elle est là, incroyable! Il retourne sur le quai, le sourire vainqueur au bout des lèvres. Le jour s'est levé sur Bangkok.

Et hop, adieu la godasse!
Il est tôt, mais la ville est réveillée depuis longtemps, le trafic est déjà dense. Nous nous excitons dans tous les sens afin de dégoter une chambre pas trop chère. Nous ne trouvons rien au-dessous de 30$ dans le quartier de la gare. On décide alors de se concentrer sur notre principale mission à Bangkok, récupérer le paquet envoyé par la maman d'Emma, à la poste principale. Mais cette dernière est introuvable sans le GPS et notre natel (batteries à plat comme il se doit) et les locaux nous envoient dans n'importe quelle direction pour ne pas avoir à nous dire qu'ils ne savent pas où c'est. On perd patience, on s'énerve, on s'engueule, on est fatigué et on a tellement envie de se poser. On trouve enfin la poste, après deux heures de détours dans la capitale thaïlandaise. En moins de 2 minutes le paquet est retiré, pour la somme astronomique de 1 Baht, puis ouvert! Nous nous empiffrons de Maltesers et Choc Ovo en contemplant les cartes du Moyen-Orient, assis sur les marches de ce bâtiment central situé juste à côté de... la gare.

Nous trouvons de quoi nous loger pour pas cher non loin de Khao San Road et le jour suivant, nous partons à la recherche d'une nouvelle paire de sandales pour Jonas, et de chaussures de rando pour Emma. On se lance dans le quartier des "Malls", gigantesques centres commerciaux climatisés à l'excès, arpentons cette jungle urbaine à l'architecture futuriste et démesurée. Jonas est fasciné, tandis qu'Emma se verrait bien à Bulunkul, plutôt. Le soir venu, on prend le métro aérien qui survole la ville et ses champignons de verre, de métal et de pierre, jusqu'à un port sur la rivière Chao Phraya. Nous montons dans un bateau taxi pour remonter jusqu'à la 13ème station, près de notre hôtel.

Au lendemain, nous prenons le train pour une parenthèse touristique au Cambodge, plus précisément pour visiter Angkor Wat.

Vieux bus de Bangkok

Ouhlà, c'est pas pour des gueux comme nous, ici!

On se croirait entre Genève et Lausanne à 18h

Le règne de la bagnole

Un petit air de l'"Etoile Noire" non?

Le soir tombe sur Bangkok

Le pont Rama IX, qui traverse la rivière Chao Phraya

Tronches de cake!