dimanche 16 août 2015

5 août au 19 août - Aventures à Ulaanbaatar

Voilà 10 jours que nous sommes arrivés à la capitale de la Mongolie. Jeudi matin, fraîchement déposés par le bus venant de Sukhbaatar, nous allons directement prolonger nos visas mongoles à l'Office de l'Immigration. Les formalités sont rapidement réalisées, nous repartons direction le centre ville, à 15 km de là.  Nous mesurons l'étendue de cette vaste ville, que nous traverserons de part en part pendant les quelques jours passés ici.

Juste avant la frontière russo-mongole
Le quartier des affaires
Black Market - on y trouve de tout ! 



Une ville de contrastes

Le soir de notre arrivée, nous nous posons à la guesthouse gana, un lieu tout à fait particulier avec des yourtes comme dortoirs. La nuit nous coûte 6$ chacun. Le lendemain matin nous tombons par hasard sur Froit, notre futur hôte warmshowers, devant l'ambassade de Chine. Il accompagne un couple de cyclovoyageurs français, venus récupérer leur visa chinois avant de continuer leur trip dans les immensités mongoles. Évidemment nous arrivons trop tard pour déposer notre demande de visa, mais nous avons la chance de les rencontrer ce qui nous aide à mieux préparer notre dossier pour l'obtention du visa 60 jours (une multitude de documents que nous nous efforcerons de rassembler... Attestation d'assurance rapatriement, extraits de comptes bancaires, réservations d'hôtels, billets d'avion aller-retour, photos passeport, planning de notre itinéraire... ).

Le week-end n'a pas été de tout repos. Une grande partie de ces documents sont factices, nous n'avons pas l'intention de prendre l'avion ! Bref, lundi matin, notre dossier complet, nous retournons à l'ambassade.  Elle ouvre à 9h30, on nous a conseillé d'y être 1 heure avant. Nous arrivons à 8 heures, devant la porte patiente déjà une file de 50 personnes, majoritairement des jeunes mongoles venant demander leur visa d'études.


Jonas part faire les dernières copies de documents dans une agence de voyage alors qu'Emma patiente dans la file d'attente. Nous réussissons à rentrer dans l'ambassade, déposons notre demande et apprenons que les citoyens suisses n'ont pas accès au service de délivrance express. Nous devons ainsi attendre jusqu'à vendredi après-midi... 5 jours dans la deuxième ville la plus polluée au monde,  non merci! Nous irons plutôt faire le tour du massif montagneux au sud de la ville, comme nous le suggère notre sympathique hôte Froit, un Néerlandais établi ici depuis 8 ans.

Le lendemain matin, nous sommes surpris de constater que notre petit ordi portable n'est plus à la prise électrique. Holy shit, il s'est fait voler pendant la nuit! Tristesse et rancoeur, découragement, toutes nos photos de Russie étaient sauvegardées sur le pc. Comble de malchance, notre hôte n'a pas d'assurance RC (ça n'existe évidemment pas en Mongolie) et la police de la ville refuse de faire un constat sans la facture originale... Nous sommes déçus. Nous partirons tout de même faire le tour prévu dans l'après-midi.

Les premiers 20 km pour sortir de la ville sont éprouvants. Il fait chaud et le moral est pas top. Le ventre de Jonas rouspette et pète sale. Il faudra s'arrêter en cours de route pour soulager la douleur. Commence une semaine de troubles digestifs pour nous 2.

Nous découvrons une région montagneuse splendide, sauvage et peu touristique qui nous permet de faire un petit break avec l'environnement urbain. Le camping sauvage en Mongolie est très facile, nous pouvons dormir là ou bon nous semble, personne ne nous ennuie. Nous admirons longuement les troupeaux de chevaux, les cavaliers-"bergers". Une sensation de liberté nous envahit.

Sur le chemin du retour vers Ulaanbaatar, nous nous faisons inviter à manger par un homme. Ni une ni deux, on charge nos vélos sur son pick-up et on se retrouve à côté d'une carrière de pierre, où vivent dans des yourtes quelques ouvriers (ça devient une habitude chez nous :p). On passe une soirée très chaleureuse, entre session musicale, préparation des raviolis mongoles et une mémorable partie de cartes. Nous sommes invités à dormir dans une des yourtes et quittons nos hôtes le lendemain, après le petit déjeuner (oeufs et riz) suivi d'une longue séance photo avec nos vélos qui amusent beaucoup la compagnie !

Partie de Poker-Dalmuti



De retour à la ville, nous allons chercher nos visas chinois. Super cool, nous avons obtenu 2 mois! C'est sûrement trop court,  mais nous pourrons les prolonger si besoin est dans une capitale de province. Nous retournons chez notre ami néerlandais afin de récupérer nos sacoches laissées chez lui et séjournons une dernière nuit dans son jardin. Froit nous vend une vieille tablette Samsung pour 50 dollars, afin de continuer la rédaction du blog. Elle est aussi poussive et buguée que l'était notre pc, mais en plus nous ne pouvons pas y insérer la carte sd de notre appareil photo, ni télécharger certaines applications importantes pour nous, la tablette étant trop vieille. Nous devons racheter un câble de recharge pour le natel car il s'est fait voler en même temps que l'ordinateur et le chargeur solaire. Ici tout se vend, mais d'une qualité merdique. Copies made in Korea, China, Taïwan, etc. Les câbles fonctionnent au magasin, mais une fois chauffés par une longue charge, les connecteurs fondent et tout est fichu. Nous dépensons du temps et de l'argent pour pas grand chose. Nous hésitons à revendre la tablette 7" pour acheter un ordinateur portable de qualité. Mais comment distinguer le vrai du faux...

Nous sommes dimanche, Emma a mal à une dent depuis quelques jours (forcément, ça devait arriver). Nous arpentons la ville à la recherche d'un dentiste ouvert le dimanche (beaucoup de commerces sont ouverts), mais nous nous résignons à attendre lundi pour aller faire une radio dentaire dans une clinique internationale. Chacune son tour, n'est-ce pas Patricia ?

S'ensuit une mise à jour laborieuse du blog sur la tablette, en n'utilisant que les photos du natel, et une journée de lassitude?  Nous nous réjouissons de quitter la ville pour retrouver la quiétude et la sérénité des campagnes mongoles ! 

jeudi 6 août 2015

17 juillet au 5 août - Lac Baikal


Nous découvrons Irkutsk sous un ciel complètement gris et une bonne averse. Nous nous sentons vraiment aux portes de l'Orient, les faciès changent, les routes sont défoncées et les maisons traditionnelles en bois tombent en décrépitude. Il y a un grand marché où tout semble se vendre, des chatons aux lunettes à soleil, en passant par des fruits et légumes de toute sorte.

Sympa l'arrivée






A louer - Bernard Nicod


Nous logeons dans un petit hôtel un peu glauque où les réceptionnistes à la mine patibulaire regardent des soaps russes à la TV 24 heures sur 24. Les douches se prennent à la cave. Nous effectuons une maintenance de nos vélos sur le trottoir devant l'hôtel, avant de reprendre la route le dimanche pour aller sur l'île d'Olkhon, située à quelques 300 km au nord d'Irkutsk.
Quelques kilomètres de pédalés pour quitter la ville et nous commençons à prendre la mesure de la folie de notre entreprise. Sur la route poussiéreuse, des 4x4 aussi énormes que rutilants nous frôlent en klaxonnant, les camions russes nous dépassent dans un nuage de fumée noire, il doit bien faire plus de 35°. Dans une montée, deux chiens surgissent du bas-côté et se ruent sur Emma en aboyant. Première attaque de chiens errants, il est temps de mettre à l'épreuve les conseils des cyclovoyageurs à ce sujet: pied à terre immédiatement, on fait mine de ramasser un caillou. Les deux chiens s'arrêtent, hésitent tout en continuant à aboyer, puis disparaissent dans les buissons. Ouf...

Nous avalons les kilomètres en direction d'Ust-Ordynsky. Montées et descentes se succèdent, ponctuées de villages dont les maisons en bois sont cachées derrière des palissades. Les chiens se jettent à nos trousses. A chaque fois, nous répétons les mêmes gestes. On se dit qu'on a bien fait de se faire vacciner contre la rage...



Le cavalier bouriate d'Ust-Ordynsky
Nous arrivons à Ust-Ordynsky, cuits après une septantaine de kilomètres sous un soleil de plomb. Le seul hôtel de la ville est fermé, les gens ne sont pas très engageants, nous ne savons que faire... Poser la tente dans le coin ne nous semble pas une bonne idée. Le découragement nous guette, nous nous posons devant une épicerie pour partager une bouteille de bière. Les enfants nous regardent en rigolant. Débarque alors un petit homme jovial, qui nous accoste en anglais. Il nous propose le gîte et le couvert non loin de là, dans un container (!). On comprend en arrivant sur les lieux qu'il s'agit d'un campement d'ouvriers arméniens saisonniers, travaillant sur le chantier d'à côté. On se pointe là, suivant notre "guide" sous le regard mi-interrogatif mi-amusé d'une dizaine d'ouvriers à torse-poil. Nous nous sentons assez mal à l'aise, ne savons comment agir. Notre hôte, Vardges, s'agite en tous sens, nous abreuve de paroles et de bienfaits. Dans le container-salle à manger où traîne de la vaisselle sale, Vardges nous offre de la viande grillée (shashlik), de la pastèque et du jus de fruit tout en babillant. Nous mangeons sans poser de questions.

Petit à petit, l'ambiance se détend, nous rentrons en contact avec d'autres ouvriers qui s'emploient à nous montrer fièrement des photos de leur famille restée en Arménie, ou des vidéos de leur pays sur leur smartphone. Nous leur expliquons d'où nous venons et où nous voulons aller. Un cuisinier tadjik prépare le repas du soir, que nous mangeons en compagnie d'une quinzaine de solides gaillards qui arrosent le tout d'incessantes tournées de vodka. Nous terminons la soirée par une bonne douche dans le bania russe installé dans un autre container. Jamais Vardges ne nous réclame quoi que ce soit, nous nous sentons très touchés par la générosité de cet homme et ses collègues. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils nous ont fait une bonne publicité pour le sens de l'accueil arménien :)
Cuisine tadjike
Nos copains arméniens, ouzbèk et tadjik
La route jusqu'à Olkhon est décidément bien longue, et la circulation intensive. C'est la ruée des touristes russes vers ce petit paradis sibérien. 4x4 remorquant des quads, camionnettes soviétiques brinquebalantes, voitures de sport qui nous soufflent hors du bas-côté, le voyage à vélo n'est pas chose aisée dans ce coin.

Camping en forêt sibérienne, sur les fourmilières
La traversée des plaines du Far East, 42° C
Le village d'Elantsy
Au troisième jour depuis Irkutsk, on ne voit toujours pas le Baikal...

Par contre, un lac salé inhospitalier et un peu puant
 "Après un excellent apéro poisson séché (omoul) et bière, nous reprenons la route à 18 heures. Dernières montées avant la vue sur le lac, peut-être. Peut-être... Un lac salé, puant, pas envie de s'y baigner. Quitter la route pour dormir, volontiers. Traversons le champ pour monter derrière cette colline. Encore monter! Plus de force... Allez, un dernier effort. Lavette humide, vive la douche. Souper pirochkis  la saucisse et aux choux. Fondue au choc, ou choc fondu, pour le dessert. La lune est croissante, petit croissant de lune pour une nuit sereine, perdus dans la plaine. Bonne nuit mon amour, les étoiles remplissent le ciel."

Extrait du journal de bord, Jonas.


On refroidit le moteur bien mis à l'épreuve...


La file des voitures attendant leur tour pour embarquer sur le ferry

Lorsque nous arrivons à l'embarcadère du ferry, nous remontons une interminable file de voiture (petite revanche), dont certaines attendrons plus de quinze heures pour se faire débarquer sur l'île. Mais dans quel coin sommes-nous arrivés? Nous en hésitons presque à faire demi-tour :P Serait-ce donc le Phuket local, pour touristes beaufs en mal de fun?

Sur le ferry, nous faisons connaissance avec Karina et Alexis, un jeune couple d'Irkutsk en VTT. Nous décidons de passer quelques jours ensemble sur l'île, et campons sur une belle crique pas trop peuplée. Las, une équipe de Russes décide de faire la fête le soir-même, grâce à un gros sound-system installé dans le coffre de leur voiture. Techno russe à coin jusqu'à une heure avancée. Nous qui nous réjouissions de passer une nuit au calme dans la nature...

Les jours suivants nous prenons le temps de découvrir l'île, aux innombrables baies et plages de sable magnifiques. Nous avons parfois l'impression d'être au bord de la mer... Seule ombre au tableau, bien que réserve naturelle, l'île est parsemée de déchets et de décharges à ciel ouvert. En Russie, pas de tri ni de traitement des déchets. Le tout est brûlé sur place, et le vent emporte bien des déchets en tous sens. Il n'est pas rare de voir flotter des sacs plastique à la surface du Lac Baikal.



Viande de singe russe
Avec Karina et Alexis


Les vaches aussi ont le droit de profiter du lac
Le village principal de l'île, Khoujir

Nous passons cinq jours sur l'île avant d'effectuer une traversée houleuse de 5 heures pour rejoindre Ust-Barguzin. Le bateau a du retard, en attendant sur la plage nous sympathisons avec Nikolai et Angelika, un couple de motards de St-Petersburg en vadrouille à l'est du pays.

Nous assistons, un peu médusés, à l'arrivée de l'aéroglisseur. Seule une étroite échelle verticale mène sur le bateau. Déjà compliqué pour y monter des vélos, nous nous demandons bien ce que va faire notre comparse Nikolai avec sa Yamaha 125. No problem, la moto est hissée sur le pont, tirée d'un côté par les marins, poussée de l'autre par Nikolai qui met les gaz pour aider. Nous n'avons jamais vu un truc pareil. En Russie, rien ne semble impossible, il y a toujours moyen. Sacré spectacle!

Jonas se rappelle de ses traversées en Afrique

Ca s'annonce compliqué, le pont est à 3 mètres de haut...

La traversée jusqu'à l'autre rive s'effectue à grande vitesse, nous sommes secoués comme dans une machine à laver, nous avons les deux la nausée. On ferme les yeux et on attend que ça passe. Nos deux motards passent la majeure partie de la traversée sur le pont pour surveiller leur moto. Sur le coup des 23h, nous débarquons au port d'Ust-Barguzin, dans une obscurité totale. Nous sommes bien contents d'avoir sympathisé avec Nikolai et Angelika, qui nous proposent d'aller camper ensemble sur la plage un peu plus loin. Sans eux nous n'aurions eu aucune idée d'où aller et nous serions sentis bien vulnérables...

Angelika et Nikolai, les deux fiers motards russes

Le lendemain matin, nous faisons nos adieux à nos deux amis qui reprennent la route pour la région d'Irkutsk. Nos estomacs quelque peu mis à mal nous réclament une journée de pause, on se requinque grâce aux petits plats de Jonas et on repart le mardi en direction d'Ulan-Ude, à 270 km au sud. L'air est lourdement chargé de fumée, si opaque qu'on voit difficilement à 1km. D'immenses pans de forêts brûlent, non loin. S'enchaînent des routes de tôle ondulée, poussiéreuses et sablonneuses.

La fumée opacifie l'air et remplit les poumons
 





Des lignes droites à travers des paysages forestiers, des dizaines de kilomètres le nez dans la roue de son compagnon de route.


On se fait régulièrement prendre en photo à la sauvette, nous sommes totalement extravagants aux yeux des Russes... Nous bivouaquons au bord du Baikal, sur le sable, où nous savourons de magnifiques couchers de soleil. Les nuits se passent au rythme des basses assourdissantes des autoradios russes. Des bains quotidiens dans l'eau douce et fraîche nous permettent de nous décrasser et nous rafraîchir. Nous en profitons même pour remplir nos bouteilles d'eau potable à même le lac, réputé pour son eau cristalline.

Pause de midi sous le tarp. Merci Philippe!
Des couchers de soleil spectaculaires...
Et des kilomètres de route rectiligne
L'eau du lac est pompée par camion pour les villageois
Tentative de riviera, inachevée bien entendu

Village sibérien typique, très accueillant avec les zouaves comme nous :/

Mais il fait quoi??
Une route de 4 jours parsemées d'aventures peu intéressantes nous amène à Ulan-Ude, capitale de la Bouriatie. Nous allons nous reposer à l'hôtel pour une douche à l'eau chaude après 15 jours de nuits sous tente.

Petite parenthèse culinaire: en Russie, la cuisine "populaire" est très restreinte et peu créative. Composée bien souvent de patates, de viande hachée à la patate, de trucs frits bien gras à la patate et de patates... Pirochkis et dumplings de viande se mangent de Moscou à Oulan-Ude, sans beaucoup de variation. Nous leur préférons biscuits de toutes sortes et chocolats, petits plats maison aux concombres et tomates. Un besoin de sucre assez irrépressible se fait sentir, nous testons plusieurs sortes de lait condensé pour agrémenter nos birchers matinaux.

Photo du photographe qui nous a photographiés