dimanche 28 juin 2015

16 juin au 28 juin - Autriche: "Toï toï toï !"

Nous voilà donc fraîchement arrivés au Tyrol. La descente de la vallée de l'Inn est agréable, on roule dans un paysage verdoyant, très bucolique. C'est un pays pour les vélos, les pistes cyclables sont très bien faites. Les petites chapelles s'égrenent le long de la route, nous sommes dans un pays visiblement très catholique.

De chaque côté de la vallée, sur chaque butte nous surplombent des châteaux ou des églises...



Camping am Claudia See
Les super matelas "Trevolution" de la Migros... après seulement une dizaine d'utilisations. Passez votre chemin!



Landeck


Landeck



Le soir nous demandons à un paysan si nous pouvons camper sur son champ. Il accepte et nous conduit sur un magnifique champ coupé à ras au bord de la rivière. Il nous propose ensuite du pain, de la bière et du lait. Un bon accueil!




Montage de la tente au soleil couchant


Camping sur le champ du paysan de Roppen
Le lendemain le temps est incertain, gris et frais. Nous poursuivons notre route jusqu'à Innsbruck. Les gens sont accueillants, parlent volontiers. Notre oreille s'adapte à un nouvel accent, on en aura entendu, des dialectes germaniques en deux semaines :)

Pause café-bretzel


Stams
L'Abbaye de Stams


A l'approche d'Innsbruck, la plaine de l'Inn s'industrialise. La piste cyclable longe l'autoroute sur les 30 derniers kilomètres, c'est bruyant et stressant. Il fait à nouveau gris, nous pédalons comme des locomotives, l'un derrière l'autre, pour avaler ce dernier tronçon plutôt glauque. Nous arrivons à Innsbruck un peu déphasés, et l'agitation de la ville et de ses milliers de touristes nous donne le tournis.

La ville est belle, abonde de monuments et de curiosités architecturales.
















Le "Goldenes Dachl", façade la plus photographiée d'Autriche

Innsbruck, la ville du vélo et des trams


Nous décidons de rester à Innsbruck la journée suivante, pour trouver un nouveau matelas pour Jonas et acquérir les dernières petites choses qui nous manquent pour le voyage. Les magasins de montagne se suivent et font 4 étages, on passe des heures dans les rayons, à s'imaginer dans tel ou tel équipement hightech hors de prix.
Nous terminons l'après-midi en dégustant un délicieux burger dans le restau branchouille du coin, "Chez Ludwig".

Un petit Burger chez "Ludwig"

Après le repas nous nous mettons en route, sous un ciel menaçant. La pluie ne saurait tarder. Nous échouons alors quelques kilomètres plus loin, dans l'Auberge de Jeunesse d'Innsbruck, au charme tout soviétique. L'endroit est pour le moins inhospitalier. Le matin suivant nous ratons le petit-déjeuner suite à un malentendu, et avalons notre éternel bircher muesli dans la cellule chambre. C'est le début en fanfare d'une charmante journée. C'est samedi, il pleut des cordes, nous devons quitter les lieux à 10h, le moral est au plus bas.

La chambre stalinienne de la Jugendherberge

Avec ce temps, suivre la piste cyclable pour quitter la ville n'est pas des plus commodes. Le nez dans le guidon, nous loupons une bifurcation et nous retrouvons à rouler sur un petit sentier piéton complètement glaiseux et glissant. Jonas dérape et tombe dans la boue, alors qu'Emma pousse son vélo dans une pente à 15% - "on doit s'être trompé de chemin"...

Après bien des difficultés, nous atteignons Hall im Tirol où nous posons nos vélos pour le café salutaire du matin. Sur la place principale se tient un joli petit marché bio, la ville a des allures moyenâgeuses et des gens en costume traditionnel célèbrent un mariage. Il est midi, les clochent sonnent. Les sommets environnants sont recouverts de neige fraîche!

La plaine de l'Inn revêt peu d'intérêt dans cette région. Accompagnés toute la journée de pluies intermittentes, nous songeons à prendre le train pour rejoindre Kufstein où habite Tobias, un hôte warmshowers. Ce dernier n'étant pas disponible le soir même, nous continuons donc à pédaler.

Une journée radieuse s'annonce!

Vers 18h, attiré par les odeurs de viande grillée, on débarque sous la tente de la Schlager Fest de St Gertraudi pour y dévorer un poulet rôti. Deux extraterrestres dans cette foire où la bière ne se sert qu'au demi-litre, et où les types se baladent en culotte de cuir. Nous attirons la curiosité des gens, dont le dialecte nous est très difficile à comprendre... On profite des toilettes encore propres et on s'esquive sans demander notre reste.

Durant cette journée nous réalisons que nos conversations tournent principalement autour de besoins primaires: que manger, où dormir, où faire caca... On est en plein dans le bas de la pyramide de Maslow. Tous les soirs se pose la question lancinante de savoir où poser notre campement. Le camping sauvage n'est pas facile dans une région aussi peuplée, et nous devons faire attention à notre budget. Nous peinons par instants à trouver du plaisir dans ce voyage et comprenons difficilement nos prédécesseurs et autres cyclocampeurs exaltés par le voyage à vélo. Et les petits messages enthousiastes de nos amis qui nous envient, s'ils savaient! Dans ces moments-là, on a l'impression que nos pneus sont dégonflés, on n'a plus de peps pour continuer.

Nous sommes en Europe, il pleut, nous apprécions les commodités d'un camping. A la nuit tombante, une petite montée pour atteindre le camping Stadlerhof, sis à côté du Lac Krumsee. Le coin doit être charmant, quand il fait beau! Fin de cette longue journée...

Dimanche. Il pleut toujours et fait 12°. Les petits nuages de brume s'effilochent le long des parois rocheuses. Scotchés sous l'abri en bois du camping, nous attendons l'éclaircie. Le personnel du camping est compatissant.
Jonas: "Il pleut droit, c'est bon signe!"
Emma: "Ah bon?"
Jonas: "Ca veut dire qu'il n'y a plus de vent."
Emma: "Ah ben c'est super alors..."
On se résout au départ...

Nous restons dans les hauteurs, jugeant la plaine de l'Inn ennuyeuse. Ici s'enchaînent les montées-descentes, dans un paysage vallonné aux grosses fermes cossues. Ca ressemble un peu au pied du Jura. On aperçoit ici les premiers Maibaum: Cela fleure bon la coutume bien païenne, dans ce pays si catholique.




En fin d'après-midi, nous arrivons à Kufstein.








C'est l'heure du souper, on décide de se plier au cliché et de s'envoyer un Schnitzel et une Flammenkuech. Les Schnitzel font la taille de l'assiette, on se contentera donc de l'assiette enfants. Lors du souper nous admirons les photos de Christophe gravissant l'Aiguille du Tour. Nous réalisons combien la montagne nous manque. C'est décidé, pour notre jour de "congé" demain, nous irons en rando au pied du Wilder Kaiser.

Nous faisons la connaissance de Tobias, de son amie et de ses sympathiques colocs. ll fait bon vivre ici, nous pouvons rester autant qu'il nous plaira car nous avons une chambre à disposition. Tobias prend du temps pour nous parler de sa région et nous recommander les chemins cyclables les plus intéressants, à l'aide de ses cartes. C'est un fanatique de montagne.

Après notre jolie rando au Wilder Kaiser, nous dégustons les Käsespätzle préparés sous nos yeux par Max, le coloc de Tobias.

Tout au fond là-bas, c'est Münich

La chaîne du Wilder Kaiser




Fabrication maison des Käsespätzle


Le lendemain, après une digestion nocturne un peu difficile -"pfff ca fouette dans c'te chambre!"- nous prenons congé de Tobi avec un peu d'émotion, tant l'accueil fut chaleureux et amical. "Toï toï toï!", nous encourage-t-il pour la suite.

Préparation de l'itinéraire du jour avec Tobias
Nous quittons Tobias l'après-midi. Malgré une température fraîche, le soleil fait des apparitions, nous motivant à pédaler par monts et par vaux. Nous contournons le Zahmer Kaiser embrumé et découvrons le Walchsee, petit joyau serti dans un bel écrin de montagnes.
"
Emma, bonnet, polaire et goretex: "C'est vraiment un joli lac, il faudra revenir en été.

Zahmer Kaiser
Le Walchsee



Nous poursuivons notre route dans un décor de pics karstiques, qui rappellent à Emma les paysages vietnamiens (!). La région est belle, un coup de coeur! Au couchant, la lumière est des plus belles. Nous longeons à présent la rivière dénommée Grossache et plantons la tente dans un vallon sauvage.

"Nous prenons la route sinueuse qui remonte la rivière entre Kössen et St-Johann im Tirol, nous cherchons une ferme qui pourrait nous remplir notre contenant d'eau potable et peut-être nous indiquer où planter la tente. Nous ne trouvons que deux alpages inhabités. Au deuxième, je sors la lampe frontale, entre dans l'écurie et remplis le contenant de 4 litres d'eau fraîche. Nous pédalons encore 5 minutes avant de décider que ce ne serait pas plus loin que nous dormirons. Ainsi nous campons dans un pâturage bosselé, d'inclinaison variable. Nous pedzons à trouver un tapis de 2m/2m. On dormira en pente douce. Une fine pluie agrémentera le calme de cette nuit."


La Grossache

Camping sauvage




Un petit matin frisquet

"Jour 20, debout 6h15, le paysan est déjà là pour traire ses laitières. Ainsi, 1 heure plus tard, nous sommes prêts au départ, la tente paquetée mouillée, les vélos chargés. Le paysan repasse en sens inverse, il ne nous montre aucun intérêt, ignorant nos salutations empruntées. Nous parcourons 7km avant de trouver une table pour y déjeuner. Emma est au radar, les yeux mi-clos et le verbe las. Chou, je t'aime! Un sourire s'esquisse sur son visage, le soleil revient."


Extraits du Journal de Bord, Jonas
On remballe tout!


Waidring et son Maibaum



Lofer



Journée aux paysages préalpins surprenant de variété, nous parcourons 68km pour atteindre nos hôtes à Bad Reichenhall (D). Le soleil agrémente cette jolie bourgade thermale. Nous nous réjouissons de nous prélasser dans les jaccuzzis des Bürgerbad. Toutefois, l'entrée est aujourd'hui impossible, le site est en rénovation. Nous sommes déçus! Nous retournons au centre historique pour y déguster un pinot gris, sur un banc ensoleillé. Que va-t-on trouver comme accueil, ce soir?

Bad Reichenhall
Arrivée à Karlstein
Sophie et Miri nous ravissent par leur bonne humeur et leur gentillesse. Elles nous préparent des Flammenkueche maison, pendant que nous nous installons dans la chambre douillette de Sophie. Nous passons d'excellents moments en leur compagnie avant de reprendre la route longeant la Saalach, frontière naturelle entre l'Allemagne et l'Autriche, puis la Salzach, qui nous mène enfin jusqu'à Salzbourg, ville natale de Wolfgang Amadeus Mozart.


Le joli jardin de Sophie et Mirjam
En suivant la Saalach… à bicyclette

Salzbourg, superbe et monumentale, écrase de son prestige les humbles voyageurs que nous sommes. Nous déambulons dans les rues afin de goûter à l'atmosphère de la ville, en attendant les réponses des hôtes warmshowers que nous avons contactés plus tôt.Une visite de la ville avec nos ânes et tout le paquetage n'est pas très confortable. Nous préférons prendre le thé sur la terrasse du spécialiste de gourmandises italiennes "Tomaselli".

Jonas reconnaît le lieu où quelques années auparavant, il s'était assis avec sa famille. 

vue sur la ville de Salzbourg

Le temps passe, pas de réponses. Nous attendons avec philosophie et un peu de lassitude, ouvrant une bouteille de «Servus», un joli blanc autrichien un peu pétillant.

Santé!

expo déambulante

no comment



La photographie est un Art

Décoration enfantine dans une ville aux allures gothiques

Alors, j'achète, j'achète pas?


Légende de l'écriteau: Le dépôt des vélos est interdit à cet endroit!

18h, toujours rien… Nous allons admirer le Jardin Mirabell. Nous poireautons encore un peu, tentons d'appeler un dernier hôte «warmshowers» en dernier recours, pas dispo...
Dépités, on prend finalement la décision d'aller au camping, quelques kilomètres plus loin. C'est alors qu'un bus VW arrive et se parque dans une petite cour. Nous remarquons le regard appuyé du conducteur dans notre direction, Jonas décide d'aller tenter sa chance:

« Hallo ! Wir machen eine Veloreise, wir haben keine Stelle zum schlafen heute Nacht... »
Le conducteur et son amie échangent un bref regard. « Ja, sie können gern bei uns auf dem Couch übernachten. »

Et voilà. Nous faisons ainsi la connaissance de Thomas et Kerstin, qui nous invitent chez eux sans l'ombre d'une hésitation. Nous sommes touchés par cette spontanéité et cette confiance! La soirée se déroule comme un charme, nos hôtes sont adorables, généreux et attentionnés. Ils nous proposent serviettes, duvet et coussins. Jonas prépare un bon risotto, puis découvre avec des étoiles dans les yeux la cafetière italienne électrique. Plus jamais de café "bouillu", le rêve!
Nous apprenons que Thomas est technicien dans une galerie d'art contemporain, la Galerie Thaddaeus Ropac, qui a notamment présenté l'oeuvre ‘Gonzalez-Torres Untitled (Blue Placebo)’ (2004), par Sturtevant à Artbasel.

Dans la discussion, nous découvrons également sa passion pour les vélos anciens. Nous aurons un aperçu de l'atelier le lendemain. C'est une caverne d'Ali Baba pour cyclophiles. Magie de la patine et odeur de pneumatiques, il y a là des cycles superbes, dont les plus anciens arborent des jantes en bois poli! De pures œuvres d'art.










Nous passons la matinée du vendredi à discuter avec Thomas, et nous baladons encore un peu dans les rues de Salzbourg avant de prendre le train à destination de Passau. 4h de train avec deux vélos: 22 euros. On se fait vraiment avoir, en Suisse avec les CFF…
Par la fenêtre défilent d'immenses cultures, des petits villages, ainsi que des champs de panneaux solaires, spectacle assez étrange.

Passau, Terminus. Pas d'ascenseur ni de rampe, deux volées d'escaliers avec des vélos de 40 kilos, c'est épuisant et barbant. La gare est en rénovation, les ascenseurs c'est pour plus tard! Nous sommes au bord du Danube qui fait frontière. Jonas a une carte à poster, timbrée en Autriche, cependant nous roulons du mauvais coté du Danube, en Allemagne. Ca attendra le lendemain, lorsque nous serons à nouveau en Autriche…


Fatigués par ce trajet en train, nous nous arrêtons à une quinzaine de kilomètres à l'est de Passau, dans un camping de caravaning. Ca n'est pas le luxe, mais 9€ pour les 2, ça ira…


A la nuit tombante, nous assistons à une invasion de limaces voraces qui s'approchent dangereusement de la tente. Nous leur offrons l'apéro, une bonne bière et les voilà saoulées et tranquilles pour la nuit. Au lendemain, toutes disparues, comme si la vision d'hier n'était qu'un rêve ou une fiction.

Samedi matin, le ciel est gris, une fois de plus. Nous nous ennuyons du soleil, cela fait plus de 15 jours que le temps est à la pluie, au moins une fois par jour! Heureusement que les pistes cyclables sont belles et bien entretenues, mais pour le camping, ce n'est pas la joie… Il est midi, nous suivons la rive gauche du fleuve (soit disant) bleu, sous un soleil timide. Nous croisons bon nombre de cyclotouristes, qui tracent leur route jusqu'à la Mer Noire. Nous quitterons le Danube une dizaine de kilomètres plus loin, après un orage aussi soudain que violent. Fort heureusement, nous trouvons de quoi nous abriter in extremis, sous un parasol planté à l'embarcadère du petit bac qui traverse le fleuve. Nous attendons là bien une heure que la tempête se calme.

Le long du Danube
 

Juste avant l'averse
Pause thé forcée

Temps de chiottes sur le Danube
Depuis Obermühl, notre route se poursuit dans un méli-mélo de montées et de collines boisées. Nous pédalons en solitaire dans des paysages calmes et apaisants. Nous sommes dans une région peu développée, la Mühlviertel. Les usines à papier sont en ruine et à l'abandon, par contre l'industrie du bois prend de l'essor dans ces contrées éloignées.
La journée s'achève par la rencontre de Christine et Rudolf, qui nous proposent à un carrefour l'hébergement dans leur Ferienwohnung. Nous sommes séduits par le calme de cette maison au soleil couchant, à l'orée des bois. Le temps est clair, on aurait pu camper ! Jonas est un peu déçu, Emma est réjouie. Nous prenons un bain aux huiles essentielles…Le luxe ! La nuit, nous entendons d'effrayants fracas venant de l'extérieur. Un orage fait fureur, il vente et pleut vigoureusement ! Nous sommes heureux d'être là où nous sommes, installés comme des pachas, bien au sec.
Nous passons 2 nuits dans cette oasis, afin de savourer la nature environnante et de se détendre grâce à un nouveau jour de pause. Une balade « à pied » dans les champs nous permet de respirer et laisser aller l'esprit à d'autres préoccupations que la sécurité routière… Christine nous gâte : grand bol de fruits du jardin, roulade aux fraises maison, bière et jus de pomme. Elle nous invite même pour le repas du soir, que nous l'aidons à préparer. Une magnifique grosse courgette ronde du jardin, farcie à la viande hâchée, patates et salade. C'est une femme très généreuse et énérgique. A notre départ elle n'hésite pas à nous donner des tupperware, des tendeurs, et même un guide allemand-tchèque!

Bucolique Oberösterreich
Balade du dimanche

La maison de Christine