lundi 8 février 2016

23 janvier au 6 février 2016 - De Luang Prabang à Vientiane. Lao sur la montagne!

Nous quittons Luang Prabang et passons la nuit dans l'enceinte d'un temple, une vingtaine de kilomètres plus loin. Il se met à pleuvoir à grosses gouttes durant la nuit, et au réveil nos matelas flottent sur une fine pellicule d'eau. Visiblement notre sol de tente n'est plus imperméable, chouette...


Séchage des affaires avant de repartir
On se remet en selle après avoir séché tant bien que mal toutes nos affaires. En fin d'après-midi, alors que la pluie menace à nouveau et qu'on se met à chercher une auberge pour passer la nuit, nous rencontrons Marion et Anthony roulant en sens inverse sur des vtt équipés de sacoches. En faisant connaissance, ils nous préviennent de l'absence d'hébergement sur plusieurs dizaines de kilomètres. On décide alors de rebrousser chemin sur quelques kilomètres afin d'aller au Waterfall Resort Bungalow aperçu en amont. Il fait froid et la pluie commence à tomber. Les chambres ne sont pas trop chères, et comme elles sont spacieuses, nous choisissons à l'unanimité de partager une chambre à deux lits assez larges. En voyage sac au dos depuis 3 mois, Marion et Anthony ont acheté deux vélos à Vientiane afin de découvrir le Laos autrement. Le courant passe bien entre nous, on partage quelques bons fous rires et on se plaît à raconter nos aventures en étendant nos habits trempés en travers de la pièce. On renonce à la douche à l'eau froide, le brûleur ne fonctionnant évidemment pas... Nous sortons de la chambre afin de dégotter un bouiboui local où trouver peut-être une table accueillante pour le souper. Le froid est mordant, les locaux, agenouillés autour du feu, sont enveloppés dans des couvertures. Nous avalons une soupe de nouilles peu ragoûtante avec des vieux morceaux de viande flottant à la surface. La faim nous tordant le ventre, on engloutit le bouillon sans faire la grimace (enfin si, mais bon...). Il n'y aura rien d'autre ce soir! Miam...

Au lendemain, personne n'est malade, chacun repart de son côté. Il ne doit pas faire plus de 8 degrés, la pluie est tombée toute la nuit. Qu'est ce qu'on est venu faire au Laos en plein hiver! On est à 500m d'altitude, le col est à plus de 1850m. Il pourrait bien y avoir de la neige... Nous apprenons que l'Asie subit une vague de froid venant de Sibérie et qu'il aurait neigé à Hong Kong, du jamais vu depuis 30 ans.

 
 


C'est l'enchaînement des pentes à 12% !

"Route des Montagnes, pics karstiques et grottes obscures. Montées à 10 et 12 %. Brouillard ruisselant à la tombée du jour. Le feu nous réchauffe pendant le souper, la tente est au sec, montée sur pilotis et sous couvert de palme. La nuit sera fraîche, dehors la pluie tombe. Le froid sévit, il doit faire 5 degrés. Brossage de dents, on croit voir la neige. Au Laos en hiver, saison sèche, le climat planétaire change. La tempête de neige 'Jonas' glace les Etats-Unis, New-York se les gèle! Et nous aussi! "

Laos, 26 janvier 2016, Journal de Bord de Jonas

Nous n'aurons pas vu la neige, mais un brouillard à couper au couteau et une pluie diluvienne qui nous oblige à rester dans la tente plus de 36 heures, posés sous une cahute de fortune au sommet d'une butte de terre rouge. Le matin du départ, Jonas filtre l'eau des flaques alentours afin de se réhydrater. Il fait si froid et humide que le thé chaud est le bienvenu.


N'ayant plus de quoi manger, nous reprenons notre ascension qui se révèle encore plus ardue que l'avant-veille. Aurions-nous dû choisir l'autre route? On finit par atteindre le col, le brouillard devient givrant, on sort les gants et la doudoune pour dévaler des pentes glissantes à la déclivité aussi élevée qu'à la montée. Nous supposons que certains véhicules un peu poussifs aux pneumatiques bien lisses ne doivent pas pouvoir emprunter une telle route. Nous parvenons à Kasi en fin d'après-midi, trempés jusqu'aux os et bien fatigués. La première guesthouse sera la bonne!

Nos vacances à vélo en Écosse au Laos


12% de pente, faut pas pousser! Enfin, si...
Il pleut à nouveau toute la nuit, l'orage gronde et le ciel très bouché nous suggère de rester encore un peu à Kasi. En déjeunant, nous rencontrons Gwen et Tony, deux cyclotouristes belges ayant troqué leurs vélos pour un aller-retour Vientiane - Luang Prabang à mobylette. Une éclaircie en fin de matinée réchauffe l'atmosphère, nous en profitons pour sécher nos habits et chaussures trempés. C'est seulement à 14h que nous reprenons la suite des festivités de la journée. La route devient bien plus plate, seulement ponctuée de petites montées descentes. À la lumière rasante du coucher de soleil, nous traversons les paysages splendides de la région de Vang Vieng. Les élégants pics karstiques nous émerveillent et offrent l'occasion de réaliser de beaux clichés photographiques.

En route pour Vang Vieng

Poste de Police Lao
Les montagnes karstiques emblématiques de Vang Vieng





Nous parcourons les 20km rejoignant Vang Vieng en pente douce, à une vitesse moyenne de 20 km/h. La ville n'est pas très belle, pas de quoi s'attarder. Des groupes d'occidentaux court vêtus et alcoolisés beuglent dans leur tuk-tuk en agitant les bras ou s'avachissent devant une rangée de téléviseurs projetant des épisodes de "Friends" en continu. On fuit ce lieu de perdition et on met les voiles tôt le lendemain.

Au matin le soleil est bel est bien présent, la pluie des derniers jours n'est plus qu'un mauvais souvenir. Les lessives multicolores sèchent, pendues à des installations de bambou. Nous découvrons avec curiosité des savoir-faire vieux comme le monde. Les métiers à tisser, les filatures de fil de soie, le séchage des palmes qui sont ensuite tressées sur le toit des baraquements, le vannage de paniers et corbeilles. On atteint rapidement les berges du lac Nam Ngum, sur une route pleine de nids de poule. Au marché en bord de route, des centaines de poissons séchés sont suspendus aux échoppes.


La route suit le relief des collines
Nous rencontrons encore quelques cyclistes, toujours en sens inverse, aucun ne nous dépassant ou faisant le même itinéraire que nous. Après avoir achevé une étape bien encollinée, nous suivons la large rivière sortant du lac du même nom, la Nam Ngum. Ce soir-là, nous avons de la chance, nous nous installons sous un abri bordant la rivière, avec l'accord des propriétaires voisins. On est ravi, l'endroit est magnifique. Nous prenons exemple sur les villageois en nous baignant dans l'eau de la rivière afin de nous décrasser de la journée bien physique et poussiéreuse. Au moment de notre repas, 3 hommes viennent se renseigner sur nos identités et les raisons de notre présence dans leur village. Nous montrons notre tente, nos vélos et nos passeports, nous sommes des voyageurs profitant de ce bel endroit exotique pour y passer la nuit. Nos visiteurs se présentent à leur tour, deux policiers en tenue de footballeur ne s'exprimant qu'en Lao, et leur interprète. La situation est des plus cocasses, ils nous demandent pourquoi nous ne sommes pas allés nous présenter au poste de police du village en arrivant. Ils nous auraient trouvé une chambre d'hôtel ou un hébergement chez l'habitant. Nous expliquons que notre budget est serré et que nous préférons dormir sous tente lorsque les nuits sont douces et sèches. Ils nous autorisent finalement à rester sur place mais nous mettent en garde, des villageois alcoolisés pourraient venir nous importuner durant la nuit. On apprend enfin que la voisine est la soeur de l'interprète. Voilà, on a trouvé notre délatrice! Amicale toutefois, elle nous apporte un gros bidon d'eau potable pour la nuit. 




It's a lovely Lao spot


Plus que 65km d'une grosse route plate et large pour atteindre Vientiane. On les avale dans la journée, moyennant une belle pause dans l'enceinte calme d'un temple, au moment le plus chaud. Le soleil cogne et fait monter le thermomètre au-dessus des 30 degrés. Décidément, la météo est des plus variables au Laos. Il est dimanche, dans un nuage de poussière un monde fou rejoint la capitale, ce qui occasionne des bouchons polluants dans les derniers vingt kilomètres de périphérie. On atteint le coeur de la ville au coucher du soleil, bien contents d'y être arrivés.


On construit des routes ici aussi, à l'image des Chinois

Un Arbre Monde

On commande des sandwichs, on nous offre de la Beerlao et plein de sourires.


L'enfant joue avec un cerf-volant construit de sacs en plastique et de bambou.


Les temples sont des lieux de choix pour nos siestes ou nos bivouacs. 


Arrivée à Vientiane. Derrière, le Patuxai, arc de triomphe dédié aux personnes
ayant combattu contre la France pour l'indépendance du pays
Nous sommes venus à la capitale pour y faire nos visas thaïlandais et birmans. Lundi matin, au consulat thaïlandais, nous patientons dans la longue file d'attente pour déposer notre demande de visa. Il suffira d'attendre le lendemain après-midi pour récupérer nos passeports visés, moyennant la somme de 1000 bahts chacun (environ 28 chf). À l'ambassade de Birmanie, nous apprenons que, contrairement aux informations que nous avions glânées sur internet, l'entrée dans le pays doit se faire au plus tard un mois après l'obtention du visa. Nous renonçons, préférant déposer notre demande de visa plus tard, depuis la Thaïlande.

Visa  60 jours

A Vientiane, nous rencontrons plusieurs voyageurs, backpackers ou cyclistes, et nous retrouvons par hasard Johann l'archéologue fribourgeois, ainsi que Gwen et Tony qui reprennent leurs vélos pour visiter le sud du Laos. La météo est désormais au beau fixe chaque jour. Plutôt frais le matin, avec des températures montant jusqu'à 28 degrés l'après-midi, et toujours un petit air agréable venant du Mékong. Nous apprécions ce climat. Nous passons quelques journées à visiter la ville: le temple Si Saket et ses innombrables Bouddhas, le Musée National à la muséographie bien poussiéreuse, le centre COPE, Cooperative Orthotic and Prosthetic Enterprise, qui présente le terrible fléau que sont les UXO (munitions non-explosées), sombre héritage de la guerre secrète menée au Laos par les USA dans les années 70.

Des milliers de statuettes de Bouddha dans le temple Si Saket
 

Mariée laotienne





Cimetière bouddhiste


Le gardien de cette tombe semble un peu cartoonesque!


Les appartements des moines


Flâneries au bord du Mékong et autres promenades nous permettent de goûter à l'atmosphère de cette capitale aux vieilles maisons coloniales en plus ou moins bon état. Nous profitons des plats typiquement occidentaux dans de bons restaurants, steak de boeuf sauce au poivre, pizza al forno, lasagne, baguette-beurre-confiture, vin rouge de Merlot d'Ardèche. 8 mois de voyage, ça se fête!

Coconut shake et jus de fruit frais


Nous avons des idées pour faire revivre quelques maisons coloniales abandonnées.

Tuk-tuk laotien
Il manque encore la maman...


https://fr.wikipedia.org/wiki/Plumeria
L'emblème du Laos,le frangipanier





Un problème électrique?


Jeux d'eau dans le Mékong au coucher du soleil

Lao Boy

Dans nos discussions, on ne cesse de se poser la question de notre futur itinéraire. Où ira-t-on après la Thaïlande? Birmanie, Cambodge, Malaisie, Inde, Costa Rica? La question n'a pas trouvé sa réponse, mais le fait de ne pas avoir obtenu le visa birman nous donne le temps d'y réfléchir encore un peu...

Nous traversons la frontière par le Pont de l'Amitié le 6 février.
 สวัสดีครับ  ประเทศไทย



On se croirait au bord de l'Atlantique.
Gris et venteux, 18 degrés


3 commentaires:

  1. Toujours un plaisir de vous lire et de voir les belles photos même sous la pluie...
    8 mois de voyage cela se fête en effet, BRAVO et
    Hasta la Vista...
    Si j'ai bien vu le visa, vous avez 3 mois de bon en Thaïlande???
    Prenez le temps de faire votre choix pour la suite et pensez à bien tenir compte des grandes tendances météorologiques saisonnières.
    Avril, mai, juin en Inde c'est encore très bon; après c'est la mousson et les températures sont insupportables...
    L'expérience de Céline et Xavier Pasche en Inde à vélo n'a pas été de toute gaité. Trop de monde partout et toujours, impossible de camper et aucun moment d'intimité jamais. Je vous suggère le train entre les grandes villes. Ces deux cyclistes ont fait en avion le trajet Bischkek-Katmandou. Ce qui signifie que vous pourriez faire l'inverse depuis l'Inde pour aller sur le Kyrgystan et revenir par l'Asie centrale en évitant le Pakistan et l'Afghanistan peu recommandés. Attention en plein été, il fait aussi beaucoup trop chaud!!! Par contre, à l'automne c'est super. Mais au Népal, c'est pas terrible non plus en été... trop d'eau!!! A voir...
    Bisou, bisou,...

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  2. Yvonand fait ses essais et nous lui souhaitons bon succès - En pensées avec vous.

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