dimanche 1 novembre 2015

18 au 26 octobre 2015 - Des kils et des cols, técol !

Notre prochaine étape est Xiahe (Labrang en tibétain), ou se trouve un monastère d'une grande importance. Nous devons rebrousser chemin sur une quinzaine de kilomètres, jusqu'au village de Bao-An, pour prendre une vallée ascendante ou nous attend un col culminant à 3'600m d'altitude. 1'200m de dénivelé au programme! La route est spectaculaire. Entourés de montagnes et de formations rocheuses ocre rouge, nous traversons des villages typiquement tibétains aux murs de pisé. Le foin est mis à sécher sur de hautes structures de lattes en bois. À notre passage, les enfants ne manquent jamais de nous héler énergiquement par des "Hello! How are you?" ou "Hello! What's your name?" dont ils n'écoutent jamais la réponse.



Des cultures dans un climat sec et aride.

Village de montagne





Les charognards tournoient autour du rocher

Le campement du soir se fait sur un champ, un peu à l'écart de la route. Nous observons au loin une dizaine de vautours volant en cercle autour d'un piton rocheux. Des bergers tibétains, affairés avec leurs troupeaux, vont et viennent à moto sur une petite piste à quelques mètres de nous. Trois d'entre eux viennent nous dire bonjour et, craignant que nous ayons trop froid, décident de nous faire un feu! Ni une ni deux, ils boutent le feu à une touffe d'épis séchés et y déposent des branches trouvées aux alentours. On échange deux trois mots: notre destination, ou se trouve leur village, combien de têtes de bétail ils possèdent. Nous sommes malheureusement toujours très limités par la langue, les Tibétains étant très peu nombreux à parler anglais.

Campement à 2800m
Monsieur ramène une pauvre chèvre égarée à son troupeau.

Que de la montée, au programme de la journée suivante! C'est la "désalpe", nous croisons nombre de troupeaux de moutons et de yaks qui redescendent des hauteurs, menés par des Tibétains en costume traditionnel. Alors que nous atteignons un plateau à plus de 3'000m, nous sommes éblouis par un magnifique panorama de chaînes de montagnes enneigées, s'étendant à perte de vue. Nous avons toutefois encore du pain sur la planche et un bon nombre de mètres de montée à faire! On ne parvient au col qu'à 18h, le soleil est déjà derrière les montagnes.

Surfing in China






Le dernier village à 3500m, avant le col.

Altitude 3643,66m

Derrière chaque col, une nouvelle surprise


On y est arrivé!

Une longue descente à la nuit tombante se solde par un bivouac dans la steppe, non loin d'un petit village. Le trafic nocturne des motos trouble un peu notre sommeil, la prochaine fois, il faudra veiller à se placer loin des habitations...



Le grassland de Ganjia

Montée du col Naren-Ka

On s'attendait à une petite bourgade tibétaine, on tombe sur de hauts et laids immeubles.
Nous atteignons Xiahe le lendemain, après avoir traversé la belle et longue steppe de Ganjia et son col Naren-Ka, à 3'400m, quittant la province du Qinghai pour celle du Gansu. Comme dans toute ville chinoise d'importance, l'agitation et le bruit règnent en maîtres. Nous nous installons pour la nuit à la jolie et chaleureuse auberge de jeunesse; nous sommes une fois de plus les seuls clients, hors-saison oblige. Nous prenons le lendemain après-midi pour déambuler dans les allées du monastère de Labrang, l'un des 6 monastères tibétains de l'ordre Gelugpa (secte des chapeaux jaunes du bouddhisme tibétain, les mêmes que dans Tintin :P). Labrang, et ses 3km de moulins à prière, compte actuellement quelques 1'800 moines, drainés dans les provinces du Qinghai, du Gansu, de la Mongolie Intérieure et du Sichuan.

Sortie des moines de la cérémonie de l'après-midi.




Nous choisissons de ne pas prendre la visite guidée en anglais, qui nous a été plus ou moins déconseillée par d'autres occidentaux. Il semble que les moines-guides se comporteraient comme des hooligans (sic) avec les étrangers. Pas trop envie de payer pour se faire villipender... D'ailleurs nous faisons rapidement l'expérience désagréable de cette impolitesse: Jonas, qui tente de photographier un groupe de petits moines, se fait directement balancer une cannette de soda à la figure par l'un d'eux... Ca va lui coûter une réincarnation, à ce petit morveux, et ça nous a quelque peu passé l'envie des monastères tibétains pour la journée... On continue notre visite sans trop d'enthousiasme, et on quitte la ville aux alentours des 17h. Prochaine étape: Langmusi.





De superbes peintures et mandalas décorent les murs intérieurs des enceintes des temples
Nous quittons la route S312 à la hauteur de Sangke et empruntons une route secondaire peu "trafiquée". Un grand problème que nous n'avons pas rencontré en Mongolie, il y a des clôtures tout le long des routes limitant les traversées intempestives du bétail. Du coup, nous ne trouvons pas facilement de coin pour bivouaquer ce soir-là. La nuit tombe, il y a des gens au loin, qui travaillent sur le chantier d'une maisonnette. Nous sortons de la route pour suivre le chemin qui nous mène à eux. Par des gestes et notre petit lexique en dessins, nous demandons si l'on peut poser la tente sur leur terrain, voir entre les 4 murs d'une des constructions. Le vent souffle, la pluie menace, il pourrait bien neiger cette nuit, le froid s'installe dans l'obscurité.

A peine posé le tapis de sol de notre tente, alors que l'orage menace d'éclater, un des travailleurs nous invite à dormir sous un toit. Nous replions et nous dirigeons sur le sentier amenant vers quelques bicoques. Une femme nous rejoint et sans condition, nous invite à rentrer toutes nos affaires dans une petite cabane de chantier. C'est bien exigü, le porte à cabine doit faire 5m sur 2,5m. Soudain, une foule de costauds gaillards arrivent et prennent place autour de la petite table basse faite de briques recouverte d'une nappe en plastique. Ils fument en buvant une bière ou du thé, croquent des graines de tournesol, discutent et racontent leur journée. Nous paraissons quelque peu étrangers autour de cette assemblée, ne sachant pas prononcer un mot de leur langage. Nous sommes invités par une équipe de travailleurs tibétophones.

Ils sont d'une générosité infinie. Ils nous offrent le souper du soir, la couche, le petit déj et le pain pour la route. Nous sommes un peu frustrés de ne même pas savoir leur dire merci dans leur langue. Nous aurions souhaité leur partager nos victuailles, mais tout ce que nous proposons est refusé. Ça nous fait un peu bizarre, car si on a la maladresse de refuser un de leur don, nous ressentons un certain malaise, comme si on leur faisait offense. Bref, nous dormons à quatre, sur une couverture chauffante posée sur le sol de cet habitat de fortune. Le lendemain le réveil est bien tôt, il ne fait pas encore jour. Il a neigé cette nuit, nos vélos sont saupoudrés de blanc. Le petit déj est servi, toute la clique des travailleurs est au rendez-vous pour ce moment convivial. Nous mangeons des nouilles de mouton, des momos aux poireaux et du bon pain, le tout accompagné de bon thé chaud. Nous sommes remplis de bonnes énergies pour attaquer le col de la journée, 300m plus haut, à 3'575m.


7h00 du matin, 3330m, il a neigé

Copieux petit déjeuner tibétain
Nos 2 hotes qui ont partagé leur matelas


Encore un col!?
Nous évoluons sur les plateaux tibétophones à des altitudes variant entre 3'000m et 3'700m. Le temps est agréable pour pédaler. A la sortie de la tente, nous portons la doudoune pour déjeuner et ranger la tente. Une fois sur le vélo, nous revêtons l'équipement standard, polaire pour la montée, veste coupe-vent pour les descentes, parfois cumulée de gants-bonnet. Par chance, nous n'avons pas de pluie depuis longtemps. La météo est plutôt sèche cet automne. Nous nous rechargeons en eau chaude dans tous les commerces ou restaurants, c'est une pratique commune. Nous pouvons nous arrêter partout, il y a toujours de l'eau bouillante à disposition. Nous en profitons pour remplir nos vaches à eau, les rivières sont pratiquement toutes polluées par les déchets et les animaux broutant en amont. Nos bivouacs ne sont plus aussi idylliques qu'en Mongolie ou au Lac Baikal. Il y a de l'activité humaine partout, même dans les campagnes reculées.



C'est le temps des récoltes et des champs pour l'hivernage
On n'a pas l'impression, mais nous sommes à quelque 100m de la route


Voici venu le temps des moissons
Cette adorable petite bestiole est un pika de Gansu (Ochotona cansus). Il s'agit d'un lagomorphe.

Nous enchaînons les cols, cette fois-ci sur une route à plus grande densité, pour arriver en fin d'après-midi à Langmusi, 3'300m d'altitude. Nous sommes à la ville frontière entre deux états, le Gansu et le Sichuan. Langmusi est aussi un haut lieu monastique tibétophone. Tous les soirs est célébré un jour de la semaine, par une cérémonie dans le temple. Les habitants et autres touristes comme nous, sont invités à partager ce moment.

Rue de Langmusi au matin

Le minaret du quartier Hui



On dirait de la neige, mais ce sont là des petits papiers de prières 





Nous profitons d'un hôtel pas trop cher et très confortable pour nous reposer 3 nuits. Le temps n'étant pas très clément, nous mettons à jour le blog. Le dimanche, on s'offre un bon décrassage des articulations en grimpant sur la montagne surplombant le village.

Les moines en congé

Plusieurs générations de tibétains

Invités à venir s'asseoir auprès de cette famille pour le pic-nic



Balade dans le massif au dessus de Langmusi

"La route est bruyante à cause de tous ces klaxons à chaque dépassement, on se sent souvent de trop, pourtant tout petit par rapport au trafic. C'est un peu saoûlant, mais le paysage est si beau. Les couleurs automnales resplendissent. Nous avons choisi la bonne saison pour visiter cette partie de la Chine. Nous sommes heureux, nous sommes en short, t-shirt, demain on remet les sandales, peut-être...rhoo voilà qu'il neige, il faut s'attendre à tout!"

"Les faciès changent, du Bouriate au Mongol, des Hui aux Han en passant par les Tibétains, les minorités de ces régions ne se ressemblent pas, restent en communauté et gardent leur moeurs, coutumes, dialectes, costumes et vêtements traditionnels. C'est tout à fait intéressant de traverser ces paysages culturels. Je ressens tout de même une certaine pression du moteur économique chinois et cette globalisation, va, un jour ou l'autre, tendre à réduire tant de différences, tant de richesses."

Extraits du Journal de Bord, Jonas




Temple de LANG MU SI







A 5 mois de voyage, 3900 km au compteur, les vélos auraient besoin d'un bon entretien. Changement de chaine, nettoyage à fond, tendre les cables de freins, etc. La roue arrière du vélo de Jonas est un peu voilée, il faudrait jouer sur les rayons. Une chambre à air est percée sans avoir été réparée. Nous devrions checker toutes les vis du vélo ainsi que celle des sacoches. Nous profiterons d'être chez un hôte warmshowers à Chengdu pour faire tout cela.

5 commentaires:

  1. Superbe les photos.
    J'aime beaucoup les portraits et heureusement que tout le monde ne vous lance pas des canettes!!!
    Attention, j'ai repéré deux photos qui ne s'agrandissent pas quand on clique dessus comme toutes les autres que l'on peut faire défiler avantageusement en pleine page.
    C'est la 1ère de la série ainsi que celle des moutons lors de la désalpe...
    Prenez le temps de faire un bon entretien à vos vélos qui ont déjà rendu un extraordinaire service pendant ces déjà 4'000 kms parcourus.
    Encore BRAVO et ne cessez pas de vous émerveiller et de nous faire partager vos émotions.
    C'est super.
    Mil bizzzzzzzzzzzzzzzzzzz

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  2. Encore, encore, on en veut encore :) Bravo pour le blog ! et que l'aventure continue. Emilie, Romain... et Lucie !

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  3. Hello Emma, Jonas,
    Que de belles prises de vues, vous nous en mettez plein les yeux.
    Par certains côtés je vous envies mais hélas le vélo met interdit alors je me contente de vos récits et vos belles images.
    Jonas, je t'ai mis un petit quelques chose pour les gants et un petit +
    Je vous souhaite une belle suite pour ce magnifique voyage et bise s à Emma.

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  4. Toujours autant de plaisir à vous lire et à vous suivre.
    Amitiés,
    Flurina & Samuel
    P.S le petit vélo trancheur de pizza a trouvé sa place dans notre cuisine :-)

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    1. Ha super Merci pour vos commentaire sur notre blog! Ca fait tjs plaisir de recevoir des ptits mots, de plus par des anciens voyageurs tels que vous qui avez parcourus tant et plus sur vos ptites reines!
      Super, contents que le petit cadeau du trancheur de Pizza a trouvé une place privilégiée dans votre cuisine. A notre retour, on viendra trancher la pizz avec vous! Ca nous manque, une bonne pate fine, un pain complet ou du fromage...
      Bonne pèriode festive et tout de bon pour les vacances!
      Jonas & Emma

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