vendredi 19 juin 2015

4 juin au 15 juin 2015 - Un départ à l'arrach, du soleil, de l'orage et de la pluie...


Jeudi 4 juin nous partageons un dernier pic-nic d'au revoir avec les amis à la plage d'Yverdon. Après avoir savouré de beaux moments d'amitié, nous rentrons à Yvonand à vélo, accompagnés de Pierre. Il est tard, demain nous avons du pain sur la planche car nous avons décidé de partir vers 14h.

Le lendemain à 7h, le réveil nous arrache de notre profond sommeil. Jonas va suivre un cours de mécanique sur vélo donné par Pierre de Prosport Service, pendant qu'Emma se fera une beauté chez la coiffeuse pour couper ses cheveux, trop longs pour le voyage! Jonas sort du cours de mécanique rempli de petites astuces pour réparer et entretenir nos vélos: comment régler minutieusement les freins, changer et régler la tension des câbles, le dérailleur et les vitesses, nettoyer les jantes, comment dévoiler une roue, serrer toutes les vis, et élargir mes pares-boue en prévision de la pose de pneus plus larges, plus adaptés aux chemins accidentés.

Nous prenons la route l'après-midi, par une chaleur estivale, en compagnie de Manuela, de Jonathan et de Jacqueline et Olivier, les parents d'Emmanuelle. Nous remarquons qu'il n'y a pas besoin d'aller bien loin pour se sentir secoués sur nos vélos. Le long des lacs de Neuch et Bienne, il y a de jolies pistes cyclables avec cailloux et ornières, un bon entraînement pour les futures pistes quotidiennes! 



Nos vélos sont lourds, nous sommes très chargés et les moindres montées sont pénibles. Nous nous imaginons les cols du bout du monde à des altitudes démesurées, nous pleurons d'avance…

Après avoir quitté Jacqueline, Olivier et Manuela, nous poursuivons notre route le long de la Grande Cariçaie. Jonathan nous tiendra compagnie jusqu'au dimanche soir, à Soleure. Il nous régale de son agréable et stimulante présence.



Ce soir-là, il nous faudra plus de 2 heures pour trouver un lieu de bivouac qui ne soit pas infesté de moustiques! A chaque tentative, on se fait dévorer par ces sales bestioles, alors on décide d'aller voir plus loin. Jusqu’à enfin se poser de dépit, à la nuit tombante, au bord d'un champ avec vue sur les Préalpes fribourgeoises.

On s'affaire à monter la tente, Jonathan monte son tarp, puis préparation du feu, grillage des steaks en bout de bâtons, Jonas renverse sa casserole de pâtes, merde! On a faim, nous! 
Bref, on se contentera des steaks quasi crus, de la courgette et du pain. Soudain, le vent déjà levé depuis longtemps, envoie des ruades à se dire qu'il faudrait bien mettre nos affaires à l'abri, et même arrimer la tente de façon plus conséquente. Jonas dépose les vélos sur les 3 côtés de la tente qui sont au vent, sort des ficelles, les encorde à la tente. 

Bonne soirée test pour notre tente

Emma se réfugie sous la tente, on prend peur. Jonathan ouvre la bouteille de rouge, la force tranquille est avec nous! Il a l'habitude, lui, de se retrouver dans des environnements sauvages, dans toutes les conditions, il fait du tarping depuis 2008. Il nous racontera le lendemain quelques-unes de ses aventures les plus rocambolesques…
La tempête bat son plein, nous tenons la tente entre 2 gorgées de rouge (bon cépage, dommage), enfilons la tenue de pluie car les gouttes se mettent à tomber. Qu'est ce qu'on est venu foutre ici!!! On met le matériel à rude épreuve dès la première nuit. Après un contrôle des tendeurs et autres arrimages, Jonathan et Jonas décident de se mettre sous toile pour la nuit. Demain est un autre jour, il fera beau!

Le lendemain matin, la chaleur du soleil nous réveille vers 7h30. Tout est trempé, un séchage général est nécessaire. Il fait vite très chaud, l'heure tourne. Nous rangeons laborieusement les sacoches, nous réalisons tout le poids que nous devons transporter pour ce voyage. Nous doutons… pourquoi tant de kilos de pâtes, et de riz? Et les fringues, que le tissus pèse lourd! 

Séchage après l'ouragan.

Jonas, accompagné par un participant du JuraRaid
Sur le coup des 13h, le soleil est de plomb. Nous faisons une pause au bord du canal de la Thielle, juste avant d'arriver à Erlach. Au menu, baignade, sieste et café. Un après-midi de pur bonheur, bienvenu après la nuit dantesque d'hier.
Le soir nous dormons à Gerolfingen, sur les hauteurs du lac de Bienne, chez Pierre-Alain, un ami des parents d'Emma, nous dormons dans la grange. 


Savourant la dernière soirée en compagnie de Jonathan, nous nous offrons la gourmandise d'un restaurant Thaïlandais et buvons plus que de raison.

1h40, tout le monde est couché, Jonas écrit toujurs, mais en entendant les souffles profonds et ensommeillés de ses compères, décide des les rejoindre et se mettre en harmonie avec l'horizontalité.

Dimanche, jour #3, nous nous mettons en route vers midi, un peu glauques, il fait bien trop chaud et les excès d'hier soir se ressentent. Nous longeons le lac de Bienne, puis l'Aar. Parvenus à Büren am Aar, on fait la pause et on se baigne. On sieste.

A Altreu nous observons les cigognes qui nichent sur les toits, le spectacle est un peu irréel. 


L'humeur est toutefois à la mélancolie aujourd'hui, rien à faire… Foutu troisième jour!

Arrivés à Soleure en début de soirée, il nous faut faire nos adieux à Jonathan. C'est un moment dur à passer… Il est comme notre dernière amarre. Nous lui confions -déjà- quelques kilos d'affaires superflues à ramener à Yverdon.

A 22h, après 1/2 heure de vélo, nous débarquons chez Evelyne et Martin, hôtes «warmshowers» trouvés à la der, chez qui nous pouvons passer la nuit in extremis. Le lendemain nous sommes réveillés par les cris des petits enfants, on avait été averti! Au moins nous sommes sur les vélos avant 8h30. 

C'est une journée un peu tristounette… Nous nous sentons comme abandonnés, notre pote est parti, nous ne sommes plus que les deux pour poursuivre notre histoire. Ca fait bizarre, on a le blues et puis de la peine à y croire, la Mongolie, c'est encore si loin... Pour le moment nous roulons toujours le long de l'Aar. Défilé de barrages, de centrales électriques (et nucléaire!), d'industries. Pauvre rivière domptée et muselée... Ici ou là quelques fines lanières de réserves naturelles, pour se donner l'illusion que la Suisse abrite encore quelques coins de nature sauvage.

Au détour d'un chemin, voici un "Velostop" avec glaces et café en self-service. Une invitation à la pause qu'on ne peut refuser, bien installés à l'ombre du magnifique tilleul en fleurs.



A Aarau nous plantons la tente dans le joli jardin de Julia et Marcel, qui nous accueillent en nous offrant… 2 œufs tous frais de la poule du voisin. 



Emma en profite pour tripoter le petit chaton de la famille, certifié "bio", car adopté chez le paysan du coin.

Le lendemain, nous roulons 60km avec vent de face, sur une piste cyclable très jolie le long de l'Aar. 

Les amoureux scellent leur lien avec des cadenas sur ce pont.

Il fait gris toute la journée, mais pas une goutte de pluie. Koblenz... Au loin, une colonne de vapeur s'élève au-dessus d'une forêt. Plus loin, un panneau routier indiquant "Leibstadt"... Ah oui, voilà.
Nous arrivons à Waldshut (D) en début de soirée et gagnons Schaffhouse en train. Les trains allemands fonctionnent au diesel, on n'est pas sorti de l'air du pétrole, vive la technologie! 


Jons, un nouvel hôte warmshowers, nous invite chez lui, en pleine rue piétonne de Schaffhouse, avec vue sur les toits de la ville. 


Nous pourrons rester le temps qu'il nous plaira, il nous laisse ses clés. Mercredi, nous prenons le temps… Mettre de l'ordre dans nos affaires, lire les mails, mettre à jour le blog, écrire, se dire, prendre un peu de temps pour se donner de l'amour. Nous décidons de quitter l'appart de Jons en fin d'après-midi, pour tout de même parcourir quelques kilomètres (13!), en rejoignant Stein am Rhein.



Un petit crochet par l'Allemagne


La piste cyclable passe du coté allemand du Rhin. A Gailingen, nous découvrons une petite roulotte avec des produits bio en vente libre, on s’arrête et décide de camper là, car la ferme offre le camping pour 10€ par personne. On se laisse charmer par l'endroit et le calme serein de la campagne allemande. 








Un chat un peu trop...affectueux!
Jeudi... Qu'il nous semble interminable, le Lac de Constance!

Stein am Rhein, ses colombages, ses façades décorées de fresques kitschissimes, ses hordes de touristes. Une sorte de «Disneyland» miniature!

"Dis chéri, c'est encore loin la Mongolie?"







Steckborn, ses pelouses rasées au millimètre près, la bonne salade de Jonas, la chaussure perdue et retrouvée d'Emma.

Constance, fin d'après-midi étouffante, du monde partout, fatigue et tension. A nouveau, cette impression de se traîner comme des escargots, avec notre maison sur nos vélos...
Le soir nous campons sur le terrain d'une ferme à Altnau. On se rafraîchit au lac et on s'installe, corde à linge, souper au réchaud, verre de rouge.

Les Roms à vélo ont installé leur campement à Altnau


Le lendemain, il nous faut terminer cette côte du Lac de Constance. Les villages au noms barbares se succèdent, ainsi que les piscines municipales et les immenses propriétés au luxe tapageur. La Goldküste thurgovienne!

A Rheineck, nous choisissons de nous épargner un bout de la Vallée du Rhin et embarquons nos vélos dans le Régio pour Sargans. 60km de gagnés, 1 journée à vélo! Dès la sortie du train nous sentons affluer en nous l'énergie des montagnes environnantes, le paysage nous ravit. Enfin les Grisons, tant attendus!



Nous pédalons jusqu'à Mayenfeld, pour rejoindre notre prochain hôte Warmshowers, Adrian. Nous découvrons avec surprise qu'il nous fait entrer dans la cour du Château de Salenegg! En effet, son papa, Heinz, est le jardinier du Château, où sont produits des vins et vinaigres de fruits. Nous passons une excellente soirée autour d'une bonne bouteille de «Blau Burgunder» (pinot noir) local. Heinz et Adrian sont des hôtes très charmants, nous discutons et plaisantons un long moment avec eux avant de rejoindre notre chambre pour la nuit.




Le vignoble du Château de Salenegg

Jonas, Heinz et Adrian




Samedi, but de la journée: Klosters. Nous remontons la tumultueuse «Landquart», accompagnés jusqu'à Küblis par Adrian. Les paysages sont superbes, et la température caniculaire.

Que Calor!


Dégustation de fraises des bois

La dernière montée sur Klosters achève Emma, qui pousse son vélo jusqu'au centre du village. Ce satané Klosters s'étend sur des kilomètres! Jonas pédalote comme de rien, au son groovy de son petit haut-parleur. Nous loupons de justesse le train pour Lavin et décidons de camper sur place. Nous dégottons un petit coin sous un abri forestier, et observons la nuit descendre sur les montagnes grisonnes. La pluie tombe doucement, et le Rhätische Bahn pour Davos rompt régulièrement le silence.

Préparation du porridge matinal


«Wir sind nach Prag unterwegs! », lorsqu'on nous demande où l'on va avec ces vélos bâtés comme des mulets. «Whaw! Ihr seid verrückt!» Oui, nous commençons gentiment à nous rendre compte que notre projet est un peu verrückt.

Après notre nuit de camping à Klosters, nous prenons le joli train rhétique qui traverse le tunnel de la Vereina (long de 22km), nous épargnant ainsi le col de la Flüela. Nous descendons du train à Lavin, et nous enivrons du paysage montagneux de la vallée de l'Engadine. Petit air d'Italie dans les ruelles désertes de Lavin, 2 expressos pour se mettre en route…

Jonas se rappelle de la route longeant la rivière et ses gorges en pente douce. Pourtant, à vélo ce n'est pas aussi simple (ça ne serait pas drôle sinon, n'est-ce-pas ?). Dès la sortie de Lavin, la piste cyclable prend sur la gauche, et monte à flanc de coteau sur un petit sentier de gravier... Nous peinons jusqu'à Guarda, mais nous sommes récompensés de nos efforts par la découverte de cet adorable petit village de montagne, aux façades typiquement grisonnes. On se sent bien ici, environnés de toute cette beauté.
Au loin, Guarda





Notre ventre creux nous rappelle à l'ordre. Un petit lunch sorti des sacoches nous rassasie et nous observons en mangeant les allées et venues d'un jardinier très zélé. Une averse passagère nous remet en selle, pour entamer la descente qui promet d'être agréable. Le soleil revient, les prairies sont «bio-diversifièrement» fleuries, nous traçons joyeusement notre route jusqu'à Scuol.






Claqués. Nous avons besoin d'une pause. Hébergés 2 jours à Scuol par Sonja, une jeune femme férue de VTT, nous profitons de nous faire du bien aux bains thermaux. Sauna, gommage au chocolat blanc (?), hammam, bain d'eau salée et bain d'eau froide. De l'eau de source minérale coule, au goût ferreux.



La WG de Sonja
Untere Stadt, Scuol



L'une des 25 sources d'eau minérale de Scuol. On notera le paquet de la Poste, servant à un deuxième renvoi d'affaires en trop :P

Le mardi matin, en selle! Pour traverser enfin la frontière qui nous sépare de l'Autriche. On roule une trentaine de kilomètres et on se retrouve au Tyrol!

Un pont qui enjambe l'Inn torrentueuse


On nous a dit que l'Innradweg descendait, mensonge!?

Après l'effort, ça redescend





La frontière est derrière cette vallée encaissée...



Il  y a les façades peintes, ainsi que gravées.
18h30, nous sommes seuls, sur cette route qui fait la connexion entre la Suisse et l'Autriche.

L'eau gronde, l'ambiance est austère.

Toujours en descente pour entrer dans une région au dialecte bien prononcé, le Tirolien.
Je n'ai besoin de personne, en Harley Davidson VSF Fahradmanufaktur!



Ach! Schnitzel Prima!

10 jours pour sortir de la Suisse

Ce mardi soir, nous arrivons au Claudiasee Camping, où nous plantons la tente parmi les campers et autres caravanings. Le bonnet sort de la sacoche pour réchauffer les oreilles douillettes à Jonas. Malgré la proximité de la rivière assourdissante, nous dormons bien. La chambre à coucher est très confortable.

1 commentaire:

  1. Magnifiques ces maisons aux façades décorées de sgraffiti! Fait plaisir de vous lire :-) Bonne suite de voyage à vous! ;-* Coline

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