Le lendemain, 24 novembre, c'est l'anniversaire de Jonas. Il réalise son voeu de fêter ses 35 ans à l'autre bout du monde! Pour passer 6km de tunnel, on décide de faire du stop. Après une demi-heure de patience, s'arrête un monstrueux 4x4 noir rutilant, occupé par trois jeunes Chinois Han qui partent en week-end au Lac Lugu. On se sent presque mal à l'aise de poser nos derrières poussiéreux sur le cuir si propre et lustré des sièges! On demande à descendre du véhicule sitôt le tunnel passé, ce qui nous permet de profiter de la grande descente. Soudain, un bouchon se crée. Des camions, autobus et voitures de tourisme s'entassent les uns derrière les autres de manière anarchique. Nous, tout comme les autres deux-roues, on se faufile jusqu'au devant de la file. Un panneau indique que la fin des travaux est prévue pour demain, 2015-11-25. Tu parles, ils en ont encore pour un bout de temps. La circulation se fait unidirectionnelle. Après avoir profité des patates douces cuites par des petites gens en bordure de route, nous filons en avant afin de rejoindre le fond de la vallée, seuls, le trafic étant interrompu. Mais voilà que toute bonne chose a une fin, le pneu arrière d'Emma éclate en pleine descente, par chance pas à grande vitesse!
Foutus pneus Schwalbe qui se déchirent sur le côté! Cette fois pas le choix, vu l'état du pneu (déjà rafistolé il y a un mois), on sort le bel exemplaire de secours plié au fond de la sacoche. Jonas a déjà changé son pneu arrière pour une usure précoce du même genre. Après même pas 4'500km, nous n'avons déjà plus de pneu de rechange. Au prix des Schwalbe, nous sommes dégoûtés! Marathon "Monoeil"! On passe une bonne heure à réparer ça, puis on reprend la route, dans un magnifique décor.
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Joyeux anniversaire Jonas :P Une petite réparation en guise de cadeau! |
Au milieu coule une rivière... |
Minipic locale |
Tôt le lendemain, on plie les voiles vite fait. On rebrousse chemin jusqu'à l'entrée du tunnel, pas si terrible au final. Aujourd'hui nous entamons la route qui mène au col à 3'200m. La montée s'annonce longue...
To be or not to be... a cyclotourist |
Dans la série "Bivouacs Bucoliques de Chine" Partie 1: L'annexe en construction |
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Œufs au |
Un sympathique couple de restaurateurs |
Les versants montagneux sont couverts d'une végétation dense d'un vert intense, et de cultures en terrasse. Il fait frais et venteux. On passe devant des "villages" de baraquements miteux, puis plus haut on tombe sur de petits stands où sont vendus de gros pots de miel de montagne, mhhh! On achète à une vieille dame édentée 1 kg de miel de printemps, qu'on rupera en quelques jours, le manque de sucre se faisant franchement ressentir.
Exemple de mazots traditionnels, ici pour le séchage du maïs |
Fierté et reconnaissance, bravo Madame l'apicultrice! |
Que c'est long 1'900 m de dénivelé! |
Au col, des textes publicitaires nous accueillent. |
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Vue de l'interminable montée. |
La descente s'annonce superbe, plus de 30km sans un coup de pédale! De l'autre côté du col, la vallée est très agricole. Des champs partout, de chaudes couleurs automnales, et des centaines de stands de vente de pommes tout le long de la route. On rencontre nos premiers eucalyptus, aux jolies feuilles ovales bleutées et odorantes.
Joli patchwork de cultures |
Marchés et culture locale |
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Modernité et tradition |
Le lendemain se révèle une journée "repos", nous descendons tranquillement la rivière Meiyu, dans un joli vallon peu habité. Dans cette région, les maisons sont construites en rondins de bois, cela leur donne un air de Canada.
Acrobatie mal assurée |
Journée de descente, donc de repos |
Dîner nouilles pas terribles, sous le regard interloqué des poules emballées |
Nous retrouvons les belles couleurs automnales |
Restes d'un passé minier et maisons de rondins |
Après une cinquantaine de km de descente douce, nous choisissons de suivre la route de campagne qui rallie directement Ninglang, au lieu de faire le crochet initialement prévu pour le Lac Lugu. Le temps nous est compté, nous devons renouveler notre visa à Lijiang avant le 4 décembre. La route, non asphaltée sur les 15 premiers kilomètres, nous fait monter dans une belle vallée reculée, où la vie semble bien paisible, menée au rythme des saisons et des travaux des champs.
Dans la série "Bivouacs Bucoliques de Chine" Partie 2: La place de parc glauque |
Pause hydratation |
La piste pierreuse nous rappelle un peu la Mongolie |
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On peut faire des beaux panoramas avec Google photos! |
On se glisse de l'autre côté du col |
Sapinière peu conventionnelle |
C'est beau la Chine, mais que c'est montagneux... |
Au crépuscule, on demande à une famille Yi si l'on peut poser le camp sur la grande terrasse de leur maison. Ils préfèrent nous inviter à dormir au chaud à l'intérieur, au coin du feu, après nous avoir servi à manger (couenne de cochon et riz). Nous dormons paisiblement dans la chaleur de cette cabane dépouillée.
Le feu réchauffe nos corps fatigués, pommes de terre dans les braises, spécialité régionale qu'on adore! |
Trois générations et un chat, gardien du feu, sous le même toit. |
Une grand-mère au sourire chaleureux |
La ville de Ninglang |
Les mini-mandarines sont bien meilleures que les grosses pleines d'eau et de pépins |
Las, à peine quelques kilomètres hors de la ville, et voici que la route pour Lijiang se transforme en chantier. Ca nous manquait, tiens... Comme on en a vraiment ras la patate des travaux routiers, on tente le stop, sans grand succès. On râle, on remonte sur nos vélos, on entame la montée de mauvaise grâce. On hèle une camionnette qui nous dépasse, et là, joie! Elle s'arrête! On se fait embarquer avec tout notre commerce et débute l'ascension d'un nouveau col, sur une route d'apocalypse comme savent si bien les faire nos amis Chinois. Trouées immenses dans les parois rocheuses, piliers de pont monstrueux qui attendent leur tablier, tunnels en construction... Encore un chantier pharaonique! Quelle dévastation d'un si bel environnement montagneux...
A la nuit tombante, notre chauffeur s'arrête et nous dépose en pleine descente, au milieu de rien. Il reste encore plus de 60km jusqu'à Lijiang. On descend nos affaires du véhicule, et c'est à ce moment-là que le monsieur nous réclame 200 yuans pour la course! La mâchoire nous en tombe. Jonas fouille ses poches, en extirpe 40 yuans. Emma ment en langage des gestes (oui oui, c'est possible) que c'est tout ce qu'il nous reste, qu'on doit retirer de l'argent à Lijiang, notre destination. Le conducteur rit jaune, se fâche vaguement, empoche les 40 yuans et refuse, indigné, les 4 mandarines pourboire de Jonas. Il nous plante là, incrédules. Bon, et bien il va falloir rouler de nuit sur une route en chantier jusqu'à trouver un lieu de bivouac. Une petite heure de vélo, et nous voici reflués par un policier qui nous braque sa lampe torche dans la figure. La route est fermée, ils minent les parois rocheuses qui la surplombent pendant la nuit. Notre tentative de planter la tente devant une maison vide échoue, on se fait expédier fissa, et on doit se résoudre à payer 50 yuans pour une chambre miteuse remplie de vieux bordel poussiéreux, chez un couple d'épiciers Yi qui profite bien de cette aubaine. Ils nous font payer les petites denrées alimentaires le double du prix et le lendemain, tentent maladroitement de nous faire payer l'utilisation de leur cuisine la veille. C'est un peu la goutte qui fait déborder le vase. Jonas s'énerve, ils laissent tomber. Décidément, c'est la région racket par ici...
8h30 du mat, prêts au départ, petit égorgeage de cochon en règle chez le voisin pour bien finir de nous mettre de bon pied pour la journée. Nous descendons 4 ou 5 petits kilomètres pour nous retrouver à nouveau bloqués par le chantier... Les pelleteuses déblaient les énormes blocs de roche minés pendant la nuit, en les balançant dans le vide. Les débris rocheux roulent jusqu'au fond de la vallée, dans un fracas démentiel. Un jeune ingénieur, responsable de cette zone du chantier, nous offre deux bouteilles d'eau et nous avertit qu'il faudra patienter jusqu'à midi pour la réouverture de la route! Un peu désolé pour nous, il nous invite spontanément à dîner avec lui dans son QG. Le repas est excellent, notre ingénieur sympathique et souriant, cela nous réconforte de nos dernières expériences foireuses.
Bill, notre ingénieur généreux qui travaille à la "dénaturalisation" de ce site... |
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Jinsha river |
Romain ferait un tabac avec ses rythmes endiablés |
Nous aimons les petites restaurations de rue |
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Nous profitons de notre balcon pour déjeuner au soleil... |
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Des ponts dans toute la vieille ville |
COUCOU! |
Yulong Xueshan |
Dernier alphabet pictographique au monde, l'écriture Dongba des Naxi |
Les goûts surprenants des Chinois en matière de chapeau |
Tchô mec! |
Bassin au nord de la ville, les plus courageux aiment s'y baigner. |
Ambiance et déoration |
A cet âge-là, on ne jouait pas encore au smartphone sur le trône... |
Lijiang et son papier artisanal Naxi |
CLASSÉ - FICHÉ |
On vous embrasse! |